E & C : Vous avez publié le 7 juillet une enquête sur la santé et l’absentéisme en entreprise au niveau européen*. Quels en sont les principaux enseignements ?

Denis Campana : Dans un contexte de déséquilibre des régimes sociaux dans les pays européens, près des deux tiers des employeurs interrogés pensent qu’ils seront de plus en plus poussés à offrir des prestations de santé privées. Toutefois, ils pourraient mieux maîtriser les coûts de l’absentéisme et des frais de santé en mettant en place des programmes de gestion et de prévention dédiés, mais moins de la moitié d’entre eux en font une priorité. En France notamment, il y a beaucoup de travail à faire sur ces sujets : notre pays se situe parmi ceux où la moyenne des absences, 8 jours, est parmi les plus fortes. Avec une difficulté : seules 8 % des entreprises déclarent être à même de mesurer le coût réel des absences, leurs raisons médicales restant protégées par la confidentialité.

E & C : Quels sont alors les leviers d’action ?

D. C. : Il faut mener des enquêtes sur les causes des absences, en anonymisant les données, ce qui permet d’isoler les foyers de risques et d’apporter les réponses appropriées, y compris en agissant sur l’organisation du travail. Dans notre étude, 66 % des responsables ont déclaré que leurs entreprises avaient mis en place des procédures en matière d’absences. Plus de la moitié des entreprises proposent des services de gestion au cas par cas, 45 % font passer des entretiens de retour au travail, 38 % proposent des services de réinsertion, et 23 % ont déclaré que leurs entreprises offrent des incitations à la présence au travail.

E & C : Les entreprises françaises placent la maîtrise des coûts au premier rang de leurs priorités. Que représente ce coût de l’absentéisme ?

D. C. : Cela peut représenter quelques points de la masse salariale. Si l’absentéisme s’élève à 5 % de la masse salariale, cela peut correspondre à 30 % du résultat de l’entreprise. Donc, toute action engagée aura un impact positif sur ses finances.