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VAE : LE SUCCES VIENT DU COLLECTIF

Enquête | publié le : 05.07.2011 | LAURENT GERARD

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VAE : LE SUCCES VIENT DU COLLECTIF

Crédit photo LAURENT GERARD

La validation des acquis de l’expérience (VAE) continue de se développer doucement. Un fort engagement des entreprises et un travail permanent de sensibilisation permettront un mouvement massif. Garant de la réussite des VAE : l’approche collective associée à un accompagnement individuel.

La validation des acquis de l’expérience (VAE), processus permettant de faire reconnaître des savoirs accumulés au fil du temps par un diplôme ou un titre reconnu officiellement par la collectivité, progresse toujours. Selon la Dares, le rythme de croissance du nombre de certifiés est de l’ordre de 10 % par an. Ce n’est pas encore un mouvement massif, mais il est constant. La dernière étude Dares sur la VAE, de décembre 2010, porte sur un bilan à fin 2009. Cette année-là, près de 75 000 dossiers ont été jugés recevables par les ministères délivrant des certifications par voie de VAE, et environ 58 000 ont été examinés par un jury. Quelque 32 000 candidats ont obtenu une certification par VAE, soit 13 % de plus qu’en 2008.

Après une légère baisse en 2008, le nombre de certifiés par la VAE renoue avec une tendance à la hausse : le nombre de candidats certifiés avait fortement progressé au cours des premières années de montée en charge du dispositif (+ 65 % entre 2003 et 2004, + 28 % entre 2004 et 2005), puis plus modérément (+ 15 % entre 2005 et 2006, + 16 % entre 2006 et 2007). Au total, depuis 2002, 167 000 candidats ont obtenu une certification par la VAE. L’Éducation nationale reste le premier ministère certificateur : 47 % des candidats diplômés par VAE en 2009 y ont obtenu un diplôme. Viennent ensuite les diplômes des ministères de la Santé et des Affaires sociales, et ceux du ministère de l’Emploi.

Les acteurs prenant des initiatives VAE se sont diversifiés : salariés et entreprises, bien sûr, mais aussi Opca, professions spécifiques, voire municipalités et organisations non gouvernementales de solidarité internationale… Cependant, ce sont les politiques des entreprises et surtout celles de leurs Opca qui sont véritablement au cœur d’un développement plus important de la VAE. C’est l’analyse de Vincent Merle, professeur au Cnam et directeur de l’Institut de management, compétences et validation d’acquis (MCVA): « Lorsque la VAE s’inscrit dans un cadre collectif, elle trouve tout son sens et constitue une marque de reconnaissance importante pour les salariés qui s’y engagent. » Ce que confirme le Céreq : « D’une manière générale, mieux vaut, pour les salariés, être inscrits dans une démarche collective d’entreprise ou soutenus par un dispositif de branche pour bénéficier d’un accompagnement et d’une prise en charge financière de l’ensemble du parcours. »

L’accompagnement et l’aspect collectif de la démarche sont justement les points forts des cas présentés dans ce dossier. « Au fur et à mesure que nous avons avancé, explique Stéphane Dolipski, DRH des Cristalleries Saint Louis, où 10 % des salariés poursuivent une démarche VAE, nous avons décidé d’élargir la proposition à l’ensemble du personnel. Même parmi les titulaires d’un diplôme, certains étaient motivés par la possibilité d’en décrocher un autre de niveau supérieur ! »

Le groupe immobilier Prévoir y consacre de son côté un effort important pour fidéliser ses salariés : « Au départ, il a fallu convaincre le management commercial de l’intérêt de la démarche, se souvient Laurent Marquet, RRH du groupe. Aujourd’hui, on constate chez les diplômés une performance commerciale en hausse et une plus grande fidélité à l’entreprise. » Quant à l’opération de VAE collective auprès de 215 techniciens de France Télécom-Orange, elle « a permis à ces personnels d’obtenir leur diplôme en un an seulement, grâce à un accompagnement personnalisé réalisé par les managers, les RRH locaux, l’Afpa et les universités », confirme Marie-José Ruaudel, directrice de la formation et du développement professionnel.

Certification utile

À la recette “accompagnement personnalisé dans un cadre collectif”, qui semble être la clé du succès de la VAE, Mathilde Bourdat, manager offre et expertise formation de Cegos, ajoute un autre ingrédient : « La principale motivation des entreprises pour la VAE est d’attirer les salariés vers une certification utile en leur évitant de suivre des enseignements sur ce qu’ils maîtrisent déjà. À cet égard, c’est un vrai binôme que l’entreprise doit constituer avec l’organisme de formation, qui est le seul à détenir les clés du diplôme visé. Les exemples de Vinci Park (lire Entreprise & Carrières n° 1043) ou du groupe Prévoir (lire p. 25) sont emblématiques de ce point de vue. À l’inverse, en tant que DRH dans l’industrie, il m’est arrivé de décourager certains collaborateurs de s’engager dans une démarche de VAE, car j’avais le sentiment qu’ils avaient besoin de revenir aux fondamentaux par la formation. »

L’ESSENTIEL

1 Entre 2002 et 2009, 167 000 personnes ont obtenu une certification par la validation des acquis de l’expérience.

2 Les acteurs prenant des initiatives VAE se sont diversifiés : les salariés et les entreprises bien sûr, mais aussi les Opca, les branches, voire des municipalités et des organisations non gouvernementales…

3 Les politiques initiées par les Opca, cumulant démarche collective et accompagnement personnalisé, semblent les formules les plus payantes.

Auteur

  • LAURENT GERARD