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Enquête

UN SALARIÉ SUR DIX VOLONTAIRE

Enquête | publié le : 05.07.2011 | CHRISTIAN ROBISCHON

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UN SALARIÉ SUR DIX VOLONTAIRE

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Proposée à tous les salariés de l’entreprise d’art, la VAE a rencontré un grand succès, créant un effet de masse qui a facilité sa mise en œuvre et encouragé les candidats à aller jusqu’au bout.

Un salarié sur dix en VAE : la performance de la Cristallerie Saint-Louis est notable. Vingt-cinq collaborateurs volontaires sur 250 de cette filiale du groupe de luxe Hermès en Lorraine ont suivi l’an dernier le parcours qui les a menés devant un jury de validation à partir de novembre 2010. Le taux de réussite pourrait friser les 100 %! À ce jour, 17 des 18 postulants à un diplôme de l’Éducation nationale ont décroché leur certification complète (de différents CAP aux BTS en passant par des bacs pro classiques, des brevets des métiers d’art et un diplôme des métiers d’art niveau bac + 2), et le 18e a obtenu une certification partielle. Par ailleurs, les 7 candidats à la reconnaissance d’un titre professionnel ou universitaire (dont 5 licences pro) attendent leur passage devant un jury ou son verdict. Le parcours s’est déroulé au sein de l’entreprise et sur le temps de travail, sous la conduite technique d’Opcalia, de l’Aract, du Daven et d’Inffolor, le centre de ressources régional pour la validation des acquis. Il a représenté un coût global de 30 000 euros réparti entre l’entreprise (plan de formation) et Opcalia.

Un coût de 30 000 euros

Cette VAE ouverte à tous sans exception, Saint-Louis y est venue de fil en aiguille. « Nous avions initialement conçu le projet en direction d’un public spécifique : la trentaine de salariés recrutés localement en six ans par la méthode de simulation de Pôle emploi, puis formés en interne, dont nous nous sommes rendu compte qu’ils avaient atteint un niveau de compétences équivalent à celui de nos artisans verriers diplômés. Il nous semblait donc pertinent de le faire reconnaître par un titre extérieur, expose le DRH Stéphane Dolipski. Au fur et à mesure que nous avons avancé dans la réflexion, nous avons décidé d’élargir la proposition à l’ensemble du personnel, car beaucoup d’entre les salariés, qu’ils exercent en production ou dans les fonctions support, avaient acquis une expertise de fait au fil de leur carrière, mais sans posséder le diplôme correspondant. Même parmi les diplômés, certains étaient motivés par la possibilité de décrocher un niveau supérieur. Au final, les embauchés récents ne représentent qu’une légère majorité des personnes en VAE. »

La collectivité, clé de la réussite

Le caractère collectif de la démarche et son déroulement dans l’entreprise ont donné les clés de la réussite, sans doute de façon plus décisive qu’ailleurs : une VAE individuelle aurait rencontré nombre d’obstacles dans le cas de la cristallerie plusieurs fois centenaire. La localisation de l’entreprise au cœur de la forêt vosgienne, à l’écart des grands axes de communication, aurait obligé le candidat isolé à de longs trajets vers Strasbourg ou Metz. Transcrire ses compétences seul dans son coin aurait découragé plus d’un salarié, verrier d’exception mais pas forcément champion de l’écrit.

Or, l’effet de masse a justement permis d’organiser jusqu’à 40 heures d’accompagnement (aide à la construction du dossier, rédaction du livret 2, simulation d’épreuve devant jury…). Et de détacher sur le projet une référente interne, Nadine Stirmann, assistante RH.

« Son soutien technique et moral à chaque salarié a été primordial », estime Philippe Vatel, chargé de mission à Inffolor et animateur de la Plate-forme VAE Lorraine. Une saine émulation s’est créée entre collègues. On a présenté aux candidats les accompagnateurs et l’organisme certificateur sur un plateau. Ils n’ont pas eu besoin de les chercher par eux-mêmes ni s’encombrer des formalités administratives.

Autre avantage, le processus a été accéléré dans le temps : « Il s’est concentré sur un peu plus de six mois », indique Stéphane Dolipski. Le DRH entend ne pas en rester là. La cristallerie souhaite constituer rapidement un nouveau groupe de volontaires, sans doute de taille plus modeste. Elle peut “puiser” notamment parmi les 45 salariés qui avaient manifesté un intérêt lors des réunions préparatoires mais qui n’ont pas franchi le pas, pour cause de profil spécifique ou par appréhension devant la tâche à accomplir. Pour ce second cas de figure, il y a désormais la preuve par l’exemple que la VAE n’a rien d’impossible.

CRISTALLERIE SAINT-LOUIS

• Effectif : 250 salariés.

• Chiffre d’affaires : non communiqué. Filiale d’Hermès, groupe qui emploie 8 366 salariés fin 2010, pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2010.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON