En septembre 2001, les salariés de Moulinex sont placés en chômage partiel, et la liquidation judiciaire de l’entreprise est déclarée un mois plus tard. Des milliers d’hommes et de femmes perdent leur emploi. Pour l’auteure, Moulinex est un cas d’école pour comprendre le coût humain et social payé par des salariés qui, jusqu’alors, pouvaient être considérés comme des travailleurs bien intégrés disposant à la fois d’un emploi stable et de réseaux sociaux solides et structurés. La perte d’emploi constitue en effet une rupture sociale totale, qui affecte l’identité professionnelle, sociale et personnelle. Elle soumet les individus au risque de déclassement puis à la déstructuration personnelle et familiale. Outre les problèmes financiers, l’arrêt de l’activité est en effet associé à une recrudescence des troubles de santé, souvent très graves, à la perte des structures spatio-temporelles et à celle des solidarités familiales et sociales, surtout quand plusieurs membres de la famille ou de l’entourage amical sont concernés. En perdant son travail, l’individu perd aussi ce qui faisait sa valeur, à ses yeux et à ceux des autres, et tend à s’isoler et à déprimer, pénalisant ses chances de retour à l’emploi.

Cette étude historique et sociologique menée après la fermeture du site Moulinex est à la fois fondée sur des données statistiques des parcours des salariés après leur licenciement et sur leurs témoignages. Son objectif est d’aider à mieux mesurer de ce que représente un licenciement économique pour ceux qui le vivent, afin de dégager des pistes de réflexion pour mieux aborder la question du reclassement et de la réinsertion professionnelle.

Les Chômeurs de Moulinex

Manuella Roupnel-Fuentes, PUF, 372 pages, 27 euros.