Le manager solitaire, une espèce en voie d’extinction ? À en croire l’étude AFCI-ANDRH-Inergie rendue publique ce 5 juillet*, les responsables d’équipe s’impliquent davantage dans leur rôle de communicant : ils sont 73 % à le penser contre 66 % en 2008, date de la dernière enquête sur le sujet. Une tendance se confirme : la quasi-totalité des managers (97 %) considèrent que la communication fait partie intégrante de leurs missions. Cependant, leur perception du décideur communicant évolue : 84 % d’entre eux sont persuadés que faire remonter les messages de leurs collaborateurs entre dans leur champ d’action. Et l’écoute et la proximité avec les salariés progressent de 7 points par rapport à 2008.

Cette évolution réjouit Guillaume Aper, président de l’AFCI : « La communication n’est plus seulement vécue comme descendante. Les managers se disent plus à l’écoute de leurs collaborateurs. C’est un signe positif, car de l’écoute au dialogue, il n’y a qu’un pas. »

De son côté Thierry Garnier, directeur de la communication interne chez Renault Trucks pense que « la crise a agi sur les managers comme un révélateur. Elle a provoqué une réelle prise de conscience de l’importance de la communication vis-à-vis de leurs équipes. »

Le directeur de la communication interne du groupe Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt…), Benedikt Benenati, apporte une nuance de taille : « Ce n’est pas parce que les managers ont envie de communiquer qu’ils sont capables de le faire. » Dans son groupe, il estime que trop peu de managers jouent leur rôle de communicants : « Ils pensent ne pas être à la hauteur, ne s’en sentent pas capables car ils ne savent pas comment faire. » Sa conclusion rejoint les préconisations de l’AFCI dans l’étude : la com’ interne se doit d’épauler davantage les cadres, leur fournir plus de kits et d’argumentaires afin de dissiper leurs craintes de communiquer.

La cote de la communication interne remonte d’ailleurs de 7 points chez les managers, avec 54 % d’opinions positives. La communication RH s’améliore, elle, pour 59 % des managers (+ 13 % depuis 2008). La fonction RH gagne aussi du crédit : 67 % des managers la considèrent comme stratégique, soit un bond de 17 points par rapport à 2008 ! « La nette progression des indicateurs sur le rôle et l’influence de la fonction RH met en avant sa légitimité croissante et l’utilité de ses apports, » juge Michel Yahiel, vice-président de l’ANDRH.

Quelques points noirs relevés dans l’enquête nuancent toutefois le tableau. À commencer par l’appropriation de la stratégie. Près d’un manager sur deux affirme ainsi ne pas être consulté sur les feuilles de route et un tiers d’entre eux ne se considère pas impliqué dans leur mise en musique, sur le terrain. Résultat : si 63 % des managers associés à la définition des projets d’entreprise trouvent motivant de les mettre en œuvre, ce chiffre tombe à 36 % lorsqu’ils ne sont pas impliqués. Le principal frein à la communication reste, pour 40 % des responsables d’équipe, le manque de crédibilité des messages stratégiques confrontés à la réalité de l’entreprise.

Les cadres, déçus par les supports d’information qui leur sont dédiés – 35 % seulement jugent efficaces les newsletters, intranets et autres dispositifs spécifiques – sont avides d’échanges non seulement avec leurs dirigeants, mais aussi avec leurs pairs : 69 % d’entre eux trouvent efficaces les conventions, séminaires et réunions d’encadrement.