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Les fruits de dix ans d’insertion

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 28.06.2011 | STÉPHANIE MAURICE

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Les fruits de dix ans d’insertion

Crédit photo STÉPHANIE MAURICE

Fruit d’un accord national existant depuis dix ans dans l’entreprise, le taux d’emploi de travailleurs handicapés de l’enseigne de grande distribution a atteint 4,55 % de ses effectifs à ce jour. Simply Market vise un taux de 5,2 % en 2012.

L’enseigne de grande distribution Simply Market compte 650 travailleurs handicapés sur 14 000 salariés employés dans 285 magasins, entrepôts et sièges régionaux, soit un taux d’emploi de travailleurs handicapés de 4,55 %. C’est bien mieux que la moyenne nationale, qui est de 2,9 % dans l’ensemble des entreprises privés, et c’est le résultat d’un plan handicap mis en place il y a dix ans dans tous les magasins de cette enseigne de grande distribution, appartenant au groupe Auchan. Aussi envisage-t-elle d’atteindre d’ici à la fin de l’année 2012 l’objectif de 5,2 %.

Au mois de mai dernier, Simply Market a fêté ce résultat et l’anniversaire des 10 ans de l’accord. Pour François Seille, chargé du pilotage du plan handicap à la direction des ressources humaines, une des explications de ce résultat tient dans le fait que « notre politique est passée d’une volonté de recrutement de personnes handicapées venant de l’extérieur à la problématique de maintien dans l’emploi de nos salariés ».

Accord national

Il y a dix ans, l’enseigne Atac, devenue Simply Market en 2005, comptait moins de 300 travailleurs handicapés. En 2000, Auchan, propriétaire du réseau Atac, décide d’étendre à la France entière un accord handicap expérimenté dans l’est de la France. « C’était déjà très présent dans la culture du groupe, et cette décision a été une évidence, aime à raconter François Seille. Mais nous n’étions pas des professionnels de la législation dans le domaine : nous avons décidé de travailler avec le cabinet Ariane Conseil. » Ce qui était, à l’époque, innovant. François Seille constate, avec le recul, la pertinence de ce choix : « Sans ce regard extérieur, nous n’aurions peut-être pas opté pour un accord national, mais plutôt pour des conventions par bassin, ce qui, au final, aurait été beaucoup plus compliqué à suivre. »

Objectif fort de recrutement

La direction met donc en place en 2001 son premier accord trisannuel, avec des actions de sensibilisation des directeurs de magasin et l’embauche de 100 personnes handicapées.

Le deuxième accord marque le début de la réflexion sur les cas où la situation de santé d’un salarié se dégrade, tout en maintenant un objectif fort de recrutement, à 85 salariés.

Le troisième est « un accord d’entretien », explique François Seille, alors que l’enseigne passe d’Atac à Simply Market et fait face à d’autres défis organisationnels.

La phase de maturité est en fait atteinte avec le plan actuel, qui court jusqu’à 2012. « Nous avons maintenu la barre haute sur les recrutements, avec 95 en prévision », précise François Seille.

Sur les 650 salariés handicapés aujourd’hui intégrés dans le groupe, 35 sont en contrats en alternance qui leur permettent d’entrer dans le monde du travail. Exemple emblématique : Boualem Soufane, 45 ans, invalide de la jambe gauche, va être embauché en CDI pour la première fois de sa vie en tant qu’hôte de caisse, après un contrat de professionnalisation de huit mois. Il avait travaillé auparavant pour une autre enseigne de la grande distribution qui n’avait pas donné suite.

Les “plus de 57 ans” dorénavant concernés

La grande nouveauté du dernier accord signé tient au fait que, désormais, « les salariés de plus de 57 ans sont concernés », se félicite Michelle Rohn, déléguée CFDT au comité central. Ce qui permet d’apporter des solutions de maintien dans l’emploi à plusieurs CDI à temps complet ayant besoin d’un aménagement du temps de travail ou de postes pour des raisons de santé.

Ainsi, Gérard Lafuste, employé aux rayons eaux et articles ménagers, a pu continuer à occuper son poste, alors qu’il souffre d’une maladie évolutive de l’œil. « Les étiquettes imprimées sont écrites avec des caractères trop petits pour moi. De même, l’écran de 5 cm2 de mon outil de réapprovisionnement automatique des stocks était de trop petite taille », raconte-t-il. Un ergonome est venu tester son poste de travail en avril 2009 : « Deux mois après, j’ai eu une loupe électronique, qui coûte 850 euros, pris en charge à 100 % par l’entreprise. Et je devrais bientôt avoir une tablette électronique pour ma gestion des stocks. »

Adaptation des outils et numéro vert

Michelle Rohn approuve la volonté de la direction « d’investir pour l’aménagement des postes de travail ». François Seille abonde : « 100 000 entreprises en France remplissent les conditions de la loi, et nous ne sommes pas 300 à avoir un plan handicap. Plutôt que de faire un chèque à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), nous préférons dépenser intelligemment notre budget, en collant avec les valeurs de l’entreprise. » C’est ainsi que 638 000 euros ont été dépensés en 2010 pour permettre des interventions d’amélioration sur 65 postes. A cela s’ajoute la mise en place d’un numéro vert, gratuit, en février dernier, pour que les salariés puissent signaler à la DRH leurs problèmes de santé et demander l’adaptation de leurs outils.

« Nous voudrions maintenant obtenir une dérogation de la direction du travail pour allouer une partie de notre budget handicap à des actions préventives, insiste François Seille. Aujourd’hui, il faut attendre qu’il y ait trois ou quatre handicaps sur le même type de poste pour qu’on puisse le penser autrement. »

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE