Depuis le début de cette année, des chaînes privées italiennes ont lancé de nouveaux programmes à sensation : les jeux télévisés avec CDI à la clé. Cette déclinaison de la téléréalité n’est pas une première dans le monde, des chaînes anglo-saxonnes l’ayant déjà explorée.

Mais la télévision italienne est bien la première de l’Union euro­péenne à toucher à un argument aussi délicat et sérieux que celui de l’emploi. Sujet d’autant plus sensible que le taux de chômage des Italiens âgés de 18 à 34 ans atteint 29 %, et qu’ils ne bénéficient d’aucune aide de l’État. Tout concours pour un contrat de travail à durée indéterminée attire des milliers de candidats. Dernier exemple en date, l’Institut national de statistiques (Istat) qui offre 115 contrats en CDI (salaire mensuel 1 400 euros net) a reçu 13 000 candidatures.

La couverture médiatique suscitée par le programme Il Contratto (Le Contrat) sur La7, chaîne dont le propriétaire est Telecom Italia, est d’autant moins étonnant. Cette série de 12 émissions mettait à chaque fois trois personnes en concurrence pour décrocher un CDI. Chaque émission montrait les candidats filmés en stage ou dans leur environnement familial, avec des va-et-vient sur un plateau composé d’experts en ressources humaines, en psychologie et en droit du travail.

La première émission a présenté deux hommes et une femme âgés de plus de 30 ans. C’est la femme (39 ans) qui a remporté le gros lot : un emploi de télévendeuse.

Mais Il Contratto n’a pas fait exploser l’audience, avec une moyenne atteignant péniblement 2 %, soit environ 250 000 téléspectateurs. Spécialiste des médias, Walter Siti, explique les raisons de cet échec : « Les auteurs ont choisi des candidats sans charisme, des experts au langage trop soutenu pour susciter l’attention. » Selon le critique Aldo Grasso, il aurait fallu condenser le programme, lui donner un caractère plus social et utiliser un langage moins hermétique : « Les “parcours de connaissance” ou “coaching” tombaient comme un cheveu sur la soupe en prime time. »

Une autre chaîne privée, Sky Italia, propose, depuis le 28 mai, une série de 8 émissions mensuelles consacrées, elles aussi, à l’emploi (pour les 18-35 ans). Intitulé Buon Lavoro ! (Bon travail), ce programme est élaboré, en partenariat avec Sky, par la Fondation Mike Bongiorno, du nom d’un célèbre animateur (décédé en 2009) qui a toujours prêté attention aux jeunes et aux questions sociales durant ses quelque quarante ans de carrière télévisée. Il est diffusé le samedi à 18 h 15 et vise plusieurs objectifs : offrir un point de rencontres et d’opportunités entre demandeurs d’emploi et patrons et aider les jeunes à mieux s’orienter.

Chaque émission est consacrée à une branche professionnelle : communication, tourisme, environnement, cuisine, mode… « Nous essaierons d’aiguiller ceux qui souhaitent se spécialiser dans un de ces secteurs à travers la présentation des métiers qui y sont liés, d’expériences vécues et de conseils pratiques de professionnels, explique le présentateur, Nicolo Bongiorno. La pédagogie est au cœur de notre mission. »

Mais comme Il Contratto, Buon Lavoro ! mise sur le rêve d’un emploi. Au terme des 8 émissions, un jury composé du DRH de Sky Italia et de l’équipe de production choisira le meilleur des 4 journalistes stagiaires engagés au début de la série pour ce programme. L’élu obtiendra un contrat de travail sur une des chaînes Sky.

« Mais il s’agit avant tout de donner des clés de savoir au plus grand nombre, insiste Nicolo Bongiorno. Nous voulons inciter les jeunes à continuer de se former et de s’informer constamment sur les évolutions dans le monde du travail. Par exemple en illustrant, à travers des modèles sélectionnés par des DRH, la valeur ajoutée que représente aujourd’hui le vidéo-curriculum vitae ». Une forme de CV encore très peu répandue en Italie.