logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

UNE PLATE-FORME AU PLUS PRÈS DES ENTREPRISES LOCALES

Enquête | publié le : 21.06.2011 | OLIVIER QUARANTE

Image

UNE PLATE-FORME AU PLUS PRÈS DES ENTREPRISES LOCALES

Crédit photo OLIVIER QUARANTE

À Morlaix, le bon niveau de reclassement des adhérents au contrat de transition professionnelle est dû, en grande partie, aux liens créés avec les TPE du bassin d’emploi.

« Proximité », « réactivité », « écoute », « constance dans l’effort »… Marie-France Rolland, chef de projet de la plate-forme de Morlaix pilotée par Transitio CTP, filiale de l’Afpa, énumère de bon cœur les éléments de la réussite reconnue de l’équipe finistérienne : « Depuis 2006, nous avons accompagné quelque 1 000 personnes. Avec 332 CDI, 179 CDD et 9 contrats de travail temporaire de plus de six mois, ainsi que 72 créateurs d’entreprise, nous avons atteint près de 60 % de reclassement. Enfin, si l’on tient compte des gens engagés dans les six mois après la fin du CTP dans des formations comme infirmière ou éducateur spécialisé, nous observons 82 % d’issues positives… »; 25 % des personnes ont même changé de métier.

Entreprises de moins de 10 salariés

Comment expliquer ce bilan positif ? D’abord par le contexte économique de ce bassin d’emploi de plus de 120 000 habitants. « La situation locale de l’emploi n’était pas forcément préoccupante, contrairement à d’autres plates-formes CTP comme celle de Valenciennes, souligne Marc Pierrel, référent coordonnateur, détaché de Pôle emploi comme trois autres agents de l’antenne. Le territoire avait déjà perdu son outil industriel avec la fermeture en 2004 de la Manufacture des tabacs et du site de Thomson. Hormis l’agroalimentaire, la seule industrie toujours présente est l’entreprise Giannoni (équipement en chaudières employant 700 salariés, NDLR). » Résultat : le bassin compte très majoritairement des petites entreprises de moins de 10 salariés. Or l’autre clé du succès réside dans la connaissance de ces entreprises, selon Marie-France Rolland : « Dans les TPE, il n’y a pas de fonction RH ni de culture du recrutement. Si l’on vient avec la bonne personne au bon moment, on est alors en mesure de la placer. »

Ce fut le cas avec l’antenne de Saint-Martin-des-Champs du Comptoir Métallurgique de Bretagne (31 salariés). « L’équipe de la plate-forme est venue se présenter il y a trois ans, raconte Joël Bernable, directeur du site. J’ai eu ensuite besoin de recruter un attaché commercial sédentaire. La plate-forme m’a envoyé un CV mais j’avais un doute. S’ils n’avaient pas proposé une évaluation en milieu de travail (EMT) de deux fois une semaine, je n’aurais pas embauché cette personne. Aujourd’hui, elle est responsable d’un service ! Les personnes à qui j’ai eu affaire connaissent bien l’entreprise et choisissent le profil des candidats orientés. Ce que ne fait pas malheureusement Pôle Emploi, qui nous envoie tout type de candidats. »

Un gros travail d’information a été effectué auprès des entreprises locales : sollicitations pour accueillir des personnes en EMT, bilan de ces périodes d’immersion, présentation du fonctionnement de la plate-forme CTP… Tous les prétextes sont bons pour entrer dans l’entreprise. Ce que confirme Myriam Coroller, ex-signataire d’un CTP, devenue en sept mois secrétaire dans une entreprise du bâtiment de 9 salariés : « Dès mon licenciement, j’ai eu un rendez-vous avec ma référente toutes les semaines ou tous les quinze jours. Un des premiers objectifs qui m’a été fixé a consisté à remplir un questionnaire sur le marché du travail en allant dans les entreprises. Cela m’a permis de me faire connaître en laissant mon CV. »

Vers d’autres secteurs d’activité

Ce travail de longue haleine a eu un grand avantage, selon Loïc Guengant, secrétaire général de l’union CFDT du Pays de Morlaix et membre du comité technique de la plate-forme : « Certains employeurs ne savent pas que des compétences peuvent se transférer d’un secteur à un autre. Il faut donc avoir la capacité et les moyens de les convaincre que c’est possible. C’est quasiment une première pierre vers une GPEC. Il faut en parallèle persuader certains demandeurs d’emploi qu’ils peuvent mettre leurs compétences de travail au service d’un autre type d’employeur. »

Pour y arriver, rien ne vaut « la confiance et la relation instaurées entre la plate-forme et les acteurs économiques, juge Michel Mogant, directeur de la maison de retraite de Lannouchen à Landivisiau (180 salariés). La personne est mise en confiance car elle voit que l’on travaille ensemble, ce qui facilite son intégration ». Et aujourd’hui, « les entreprises viennent facilement vers nous avant de mettre une offre d’emploi ailleurs », se félicite Marie-France Rolland.

Auteur

  • OLIVIER QUARANTE