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Les étudiants ne sont pas tels que les recruteurs les imaginent… et inversement !

Actualités | publié le : 21.06.2011 | ÉLODIE SARFATI

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Les étudiants ne sont pas tels que les recruteurs les imaginent… et inversement !

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

Association pour la promotion des compétences des étudiants d’université, la Manu a interrogé les étudiants et les DRH sur leurs attentes et leurs perceptions réciproques en matière de recrutement. Ces « regards croisés » montrent un certain décalage dans les représentations véhiculées à la fois par les jeunes et par les recruteurs. Entreprise & Carrières vous livre les résultats de cette enquête en exclusivité.

Stabilité et sécurité : telles seraient, selon les recruteurs, les valeurs portées par les étudiants d’université. C’est l’un des enseignements de l’enquête réalisée par La Manu*, une association qui vise à tisser des liens entre les étudiants d’université et les entreprises par le biais de diverses initiatives développant et valorisant les compétences professionnelles de ces jeunes. Pour une grande partie des recruteurs, en effet, les étudiants voudraient plutôt travailler dans une grande entreprise, leader en termes d’image et de performance économique, et « dont la position est installée et stable ».

Appétence pour le défi et esprit aventurier

Tout faux ! répondent les étudiants, qui sont 75 % à privilégier les PME et les TPE et se disent attirés par les entreprises à croissance rapide ou en position de niche (65 %), pionnières (37 %), voire en phase de création (21 %)! « Les entreprises tendent à sous-estimer une appétence des étudiants pour le défi, résume Raphaël Bord, président de La Manu. Or, ce qui ressort nettement de l’enquête, c’est qu’ils ont un esprit aventurier, ainsi qu’une vision stratégique de leur parcours et une capacité à se projeter dans leur vie professionnelle. »

De fait, si le contenu du travail arrive en tête des critères de choix d’un emploi exprimés par les étudiants – ce que les DRH perçoivent bien, puisque 82 % pensent que c’est un élément déterminant pour les jeunes diplômés – ils accordent d’abord de l’importance au fait que ce travail leur permette de mettre en pratique leurs compétences ou d’en développer de nouvelles. Or les recruteurs pensent pour leur part que les étudiants privilégient l’intérêt des missions confiées (voir le graphique).

De même pour la rémunération – critère de choix classé en troisième position par les universitaires et… en septième par les entreprises : là où les trois quarts des étudiants se disent plutôt sensibles aux perspectives d’évolution de la rémunération, les recruteurs ne sont que 57 % à leur prêter cette attente, tandis qu’ils surestiment l’importance accordée au niveau de rémunération à l’embauche (16 % côté étudiants et 40 % côté recruteurs). Les étudiants se placent donc dans « une perspective de long terme », souligne Raphaël Bord. Mais pas forcément dans la même entreprise, puisque les étudiants considèrent majoritairement leur premier emploi comme un tremplin pour leur vie professionnelle (seuls 28 % anticipent un engagement durable). C’est d’ailleurs une autre distorsion de la représentation par rapport à celle des recruteurs : car ceux-ci pensent à 71 % que les perspectives d’évolution dans l’entreprise sont déterminantes pour les étudiants, or cela n’est vrai que pour 52 % d’entre eux. Ils surestiment également l’importance accordée par les étudiants au niveau d’autonomie et de responsabilité du poste (déterminant pour 35 % des jeunes et jugé comme tel par 61 % des DRH).

Une fausse image du recrutement

Les recruteurs ont donc une image relativement faussée des attentes des étudiants. Toutefois, la réciproque est vraie ! Car, quand on interroge les étudiants sur les critères privilégiés par les entreprises dans les processus d’embauche, leurs réponses tranchent avec les pratiques des recruteurs. Ainsi, pour 50 % des étudiants, le degré de spécialisation du diplôme est primordial et, pour 35 %, c’est le niveau du diplôme. Or ces deux critères sont jugés déterminants par seulement 25 % et 22 % des DRH et chefs d’entreprise.

Quant à la renommée de l’établissement, elle ne serait décisive que pour 20 % des recruteurs, quand 40 % des étudiants pensent que c’est un critère déterminant… Les jeunes surestiment également la part accordée à la maîtrise des langues étrangères (déterminante pour 50 % des étudiants et 39 % des recruteurs), au nombre et à la diversité des expériences (les recruteurs privilégiant la cohérence de celles-ci), mais sous-estiment largement celle des savoir-être : personnalité, capacité à travailler en équipe et aptitudes relationnelles s’avèrent des prérequis indispensables pour 80 % des recruteurs… mais pour seulement 6 étudiants sur 10.

Or, parmi les responsables d’entreprise, seuls 56 % estiment que les étudiants formés à l’université développent des capacités à travailler en équipe, et 27 % seulement pensent qu’ils disposent de compétences directement opérationnelles dans l’entreprise.

Organiser des rencontres

En revanche, à leurs yeux, ces étudiants acquièrent des qualités d’expression écrite et orale, un esprit critique et des capacités d’autonomie et d’adaptation : mais si ce dernier item est jugé « très utile » dans l’entreprise par 75 % des recruteurs, les deux premiers ne le sont que pour un peu plus de la moitié d’entre eux. Pour Raphaël Bord, il s’agit là « d’une méconnaissance de ce que les profils universitaires peuvent offrir en termes de compéten­ces transversales et transférables. D’où la nécessité d’organiser régulièrement des moments de rencontres en direct entre étudiants et entreprises ».

* “Regards croisés sur l’attractivité des entreprises et des jeunes diplômés”, La Manu-Ifop, étude menée auprès de 3 297 étudiants inscrits dans un établissement universitaire et 303 dirigeants d’entreprise ayant des responsabilités en matière de recrutement.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI