logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

LA CHARCUTERIE CLAVIÈRE VEUT RENDRE LES COMPORTEMENTS PLUS SURS

Pratiques | publié le : 14.06.2011 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Clavière, fabricant de charcuterie dans le Jura, a mis en place des visites comportementales de sécurité. Depuis, la fréquence des accidents du travail diminue. Un exemple qui a servi à tout son groupe, Soparind Bongrain.

La fabrication de saucisses et boudins présente des risques pour les mains (coupures) et pour le dos (pétrissage, port de charges, etc.). C’est pourquoi Clavière, filiale du groupe Soparind Bongrain installée à Dole (Jura), dont c’est la spécialité culinaire, subissait, avant 2009, une moyenne de 10 accidents du travail par an, touchant les 100 salariés permanents comme les 20 saisonniers d’hiver. « Nos plans d’action classiques – document unique, recensement des risques, etc. – ne permettaient pas une réelle baisse du taux de fréquence », explique Hubert Ducrot, Pdg.

Former à devenir “visiteur”

Mi-2009, la PME a donc choisi d’utiliser la méthode des “visites comportementales de sécurité”. Proposée par le cabinet ETS-CAF, celle-ci est basée sur le postulat qu’il est plus efficace d’agir sur les comportements que sur l’équipement ; 23 “visiteurs”, choisis parmi l’encadrement et le personnel administratif, sont formés en deux jours à ce rôle. Ils constituent 11 binômes, comprenant une personne connaissant les postes de travail et un “Candide”.

Chacun de ces binômes visite un salarié par mois, de façon à ce que tout l’effectif, saisonniers compris, soit vu une à deux fois par an. La visite d’une heure, effectuée en présence du supérieur hiérarchique de l’opérateur, vise à faire prendre conscience à ce dernier de ses gestes potentiellement dangereux. Les visiteurs conviennent ensuite avec lui des moyens de réduire ces risques. « Il s’agit de choses simples et concrètes, commente Hubert Ducrot. Son poste de travail est-il bien rangé ? Ne pousse-t-il pas les bacs trop fort contre les portes battantes ? Respecte-t-il les bonnes postures pour le port de charge ?… » Un compte rendu permet au supérieur de vérifier que le salarié respecte ses engagements. Mais il sera tout de même visité à nouveau, « car il s’agit d’une méthode de veille permanente », assure le Pdg, qui pense déjà à renouveler la formation des visiteurs.

Equipements modifiés

Des modifications d’équipements se sont aussi finalement avérées nécessaires, « pour aller plus vite », assure le Pdg. Pour protéger les mains, les couteaux, traditionnellement très utilisés, ont été placés dans des supports de rangement ou, pour certaines opérations, remplacés par des cutters rétractables. Par ailleurs, des gants de protection souples ont été acquis pour certaines tâches. Quant à la protection du dos, elle a été améliorée par l’achat de tables élévatrices et de basculeurs de bacs.

« À fin avril, le taux de fréquence des accidents était de 16 pour 2011, contre 39 en 2009, se réjouit Hubert Ducrot. Nous avons donc atteint, pour l’instant, notre objectif, qui est de le réduire de moitié en deux ans. » Il souhaite cependant « maintenir la pression » et il demande ainsi que soient enregistrés et analysés les « quasi-accidents ». À chaque fois que l’un des 9 ateliers dépasse le record du nombre de jours sans accident (actuellement 170 jours), ses opérateurs se voient aussi offrir un petit-déjeuner. Enfin, le nombre d’accidents du travail est désormais pris en compte dans le calcul de l’intéressement collectif et dans les objectifs fixés aux managers.

Généralisée à l’ensemble du groupe Soparind Bongrain, cette méthode a permis, en 2010, une diminution de 10 % à 15 % des taux de fréquence des AT des différentes filiales.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE