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États-UnisEMPLOI A DEUX VITESSES DANS LES USINES GENERAL MOTORS

Pratiques | International | publié le : 14.06.2011 | CAROLINE TALBOT

General Motors, au bord de la faillite il y a deux ans, va créer 4 000 emplois dans ses usines américaines. En vertu d’un accord avec le syndicat UAW, les nouveaux contrats de travail seront bien moins généreux qu’avant la crise.

Le constructeur automobile General Motors rouvre ses guichets d’embauche. Daniel Akerson, le nouveau Pdg du groupe, vient d’annoncer 2 milliards d’investissements dans les usines américaines, et la création de 4 000 emplois pour répondre à la demande croissante sur le marché intérieur.

Daniel Akerson a profité de sa visite sur le site de Toledo, dans l’État de l’Ohio, pour annoncer la nouvelle et tourner définitivement la page de la banqueroute de juin 2009. Dix-sept usines dans 8 États seront impliquées, 2 650 des emplois promis profitant aux sites du Michigan, dont Detroit, berceau historique de la marque. Mais la reprise de l’embauche se fait en vertu d’un nouveau modèle : la direction de General Motors entend profiter du système de salaires à deux vitesses qu’elle a négocié avec les syndicalistes de l’UAW lorsque l’avenir de l’industrie semblait des plus sombres.

Salaires réduits

« C’était juste avant la banqueroute, rappelle Sean McAlinden, l’économiste de CAR, le Center for Automotive Research. Le dispositif des salaires à deux vitesses était la condition sine qua non pour obtenir les aides du gouvernement. » Si le constructeur va reprendre au prix fort (28,90 dollars de l’heure) 1 300 anciens dont les postes avaient été supprimés pendant la crise, il embauchera ensuite de nouveaux venus à des conditions bien moins favorables : payés en moyenne 14,50 dollars de l’heure, soit moitié moins que les ouvriers en place, ils n’auront pas les généreuses pensions du plan de retraite de leurs collègues ni ne bénéficieront de l’assurance santé des retraités.

« Ce système de salaires réduits négocié avec l’UAW est valable jusqu’en 2015, précise Sean McAlinden. Il concerne jusqu’à 25 % de la main-d’œuvre. Au-delà de ce seuil, la direction doit faire basculer certains salariés vers les meilleures rémunérations horaires. » En revanche, ils ne bénéficieront pas des avantages sociaux précédents.

Joe Ashton, le représentant de l’UAW chez General Motors, ne se vante pas de ces emplois à deux vitesses. Mais il est prêt à accepter des sacrifices pour maintenir ou rouvrir des sites de production… et finalement faire grossir les rangs de l’UAW. Il a remercié le président Obama d’avoir accepté de soutenir et de refinancer GM, alors que beaucoup condamnaient le constructeur, fût-ce au prix de nouvelles conditions de travail.

C’est ainsi par exemple que l’usine d’Orion (1550 personnes), près de Detroit, initialement condamnée, revit avec 40 % de salariés payés au tarif de 14,50 dollars de l’heure.

Dans la même région, le site de Hamtramck bénéficiera le plus largement du plan annoncé. Deux nouvelles équipes permettront une production en continu ; 1 200 opérateurs sont en cours de recrutement. Ils seront employés sous le régime de ces nouveaux contrats. Au total, 2 500 nouveaux salariés devraient s’ajouter aux 1 100 qui demeuraient dans cette usine après la suppression de la 2e équipe en 2007 et les 500 licenciements de l’année suivante.

Reprise d’activité

Les experts du secteur se réjouissent de la reprise de l’industrie automobile. Les chercheurs de CAR, basé à Ann Arbor, dans le Michigan, ont ainsi calculé que les 4 000 emplois de General Motors généreraient chez les sous-traitants et les fournisseurs plus de 8 600 emplois. Sean McAlinden espère même 36 000 créations d’emploi chez les Big Three d’ici à 2015. En effet, les deux autres grands du secteur, Chrysler et Ford, doivent eux aussi répondre à la reprise du marché.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT