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“ON BOSSE ICI, ON RESTE ICI !”

Enjeux | publié le : 14.06.2011 | PAULINE RABILLOUX

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“ON BOSSE ICI, ON RESTE ICI !”

Crédit photo PAULINE RABILLOUX

Un ancien slogan du parti communiste proclamait qu’« une vie de travail donne des droits ». Personne ne pensait à l’époque que le travail pouvait à lui seul fournir des droits civiques, à commencer par l’obtention de la nationalité française. C’est pourtant cette logique qui a été mise en œuvre par le mouvement des travailleurs sans papiers. Au-delà de la dichotomie révélée entre le droit et les faits, entre la loi qui soumet l’emploi à la légitimité de la présence sur le sol français et la réalité du travail de milliers de sans-papiers, leur mouvement fonde sa légitimité sur la peine et sur l’exploitation. Puisque des patrons en ont profité et même parfois de manière systématique pour abaisser le coût du travail, tout se passe comme si une réparation nationale devait être apportée aux victimes de ce dol financier. On conçoit que ce militantisme qui fait retour sur les questions d’identité pose de multiples problèmes, et pas seulement aux politiques qui souhaitent contrôler l’immigration. Les syndicats patentés se sont trouvés dans la position ambiguë de représenter ce mouvement (notamment la CGT) et de le considérer avec méfiance, dans la mesure où il s’éloigne des préoccupations des autres salariés. Il remet en effet en cause le principe collectif des revendications : la citoyenneté réclamée concerne, au final, des individus.

Au-delà donc des questions humaines, la grève des sans-papiers questionne le sens et les moyens de l’action revendicative des salariés au moment même où les formes traditionnelles de lutte semblent s’essouffler avec la baisse de l’audience syndicale.

On bosse ici, on reste ici !

Pierre Barron, Anne Bory, Sébastien Chauvin, Nicolas Jounin, Lucie Tourette, La Découverte, 312 pages, 19 euros.

Auteur

  • PAULINE RABILLOUX