logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

DES PME DE LA MENUISERIE UNIES POUR PRÉSERVER LA SANTÉ DE LEURS SALARIÉS

Pratiques | publié le : 31.05.2011 | VIOLETTE QUEUNIET

Neuf entreprises de menuiserie industrielle des Pays de la Loire ont participé à une démarche d’amélioration des conditions de travail avec une approche ergonomique. Elles partagent aujourd’hui une méthode fondée sur l’analyse du travail réel.

Les Pays de la Loire concentrent le plus de menuiseries industrielles en France, avec 50 entreprises et 10 000 salariés. La pénurie de candidats, peu attirés par les métiers de l’industrie, a conduit près de 40 d’entre elles à s’unir en 2005 à l’initiative de la CCI de Maine-et-Loire, pour promouvoir leur secteur. Ainsi est née l’association Menuiserie Avenir. Le principe a été de mutualiser des actions concrètes dans le recrutement puis, au fil des ans, dans d’autres domaines (export, achats, marketing, innovation, développement durable…).

Repenser les processus

En 2009, neuf entreprises de l’association se sont engagées dans une démarche intitulée “santé-performance”. Accompagnées par des consultants en ergonomie – le cabinet Solutions Productives –, elles sont parties chacune d’un problème concret à résoudre.

Exemple : chez Akena, l’objectif était d’améliorer le travail des poseurs de vérandas. Pour comprendre leurs contraintes, on les a filmés en pleine action chez les clients. Puis, en mobilisant différents acteurs de l’entreprise, dont le bureau d’étude, une série de mesures ont été adoptées : amélioration des colis contenant les éléments de la véranda, tablier contenant tous les outils nécessaires pour éviter au poseur de redescendre plusieurs fois de l’échelle pour les prendre, guide de pose, formation d’animateurs à la pose (pour assurer la transmission), etc. « Avec cette démarche, les entreprises ont compris qu’elles devaient regarder les postes de travail de manière globale, pas seulement se limiter au poste, et repenser les différents processus », explique Françoise Clair, déléguée générale de Menuiserie Avenir.

Pérenniser la démarche

La démarche a duré un an, alternant un accompagnement individuel de six jours en entreprise par les consultants de Solutions Productives, avec des rencontres de dirigeants et de « pilotes » pour échanger sur l’avancement des projets. Enfin, pour pérenniser la démarche dans les entreprises, cinq jours de formation réunissant 50 participants ont permis d’approfondir à la fois la méthodologie et les connaissances de base sur l’approche ergonomique.

Pour Benoît Dugast, responsable de production chez Elva, entreprise vendéenne de 200 salariés, le grand enseignement est venu de l’implication des salariés, systématique dans la démarche : « Dans toutes les entreprises, nous avions le même défaut : celui de conclure sur des pénibilités qui ne sont pas forcément celles des opérateurs au quotidien. En voulant les résoudre, on n’en résout pas d’autres qui sont beaucoup plus importantes pour eux. »

Dans cette PME fabriquant des portes et fenêtres, le problème de l’atelier bois résidait dans la non-utilisation d’un matériel d’aide à la manutention de profilés pesant chacun 30 kg en moyenne, avec pour conséquences des arrêts de travail fréquents, dus à des lumbagos.

Les réflexions du groupe de travail, constitué de cadres, d’opérateurs et d’un membre du CHSCT, ont abouti à une réorganisation de l’atelier en amont – pour permettre aux opérateurs d’avoir le temps d’utiliser le matériel de manutention – et au bricolage, par les opérateurs eux-mêmes, de systèmes améliorant l’assemblage.

Un an après la fin de la démarche, il n’y a plus de lumbagos dans cet atelier. Et surtout, la méthode qui consiste à partir du travail réel est acquise chez Elva, comme dans les autres entreprises. « Notre principe aujourd’hui est de partir du terrain et du travail réel des opérateurs ou de simuler avec eux la situation future si l’on doit faire un investissement », indique Benoît Dugast. Un autre résultat réside, constate Françoise Clair, « dans la démarche participative et l’implication des acteurs, qui a été source d’amélioration du dialogue social ».

Cette démarche a bénéficié de l’apport méthodologique de l’Aract des Pays de la Loire et du soutien financier (50 000 euros) du Fonds d’amélioration des conditions de travail (Fact). La mutualisation a permis de réduire le coût restant pour les entreprises.

Auteur

  • VIOLETTE QUEUNIET