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Cinq ans pour améliorer l’emploi des saisonniers

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 31.05.2011 | FLORENCE ROUX

Depuis 2006, la région Rhône-Alpes a consacré 10 millions d’euros à un plan de la saisonnalité qui coordonne ses actions pour l’emploi, la formation, l’information ou le logement de 80 000 travailleurs saisonniers… Le point avant une remise à plat de sa politique en octobre.

En mars 2006, l’assemblée de Rhône-Alpes vote un plan régional de la saisonnalité dans le tourisme. « Un secteur capital, qui compte 80 000 emplois saisonniers, dont 75 % en station de sports d’hiver », explique Claude Comet, conseillère régionale en charge du dossier. Dès 1992, les JO d’hiver d’Albertville avaient mis en lumière la précarité des saisonniers en altitude, incitant de nombreux acteurs à réagir, collectivités territoriales, État ou acteurs de santé, dans un éparpillement que favorise la saisonnalité, elle-même dispersée entre les questions d’emploi et de qualification, de logement et de santé.

Face à cette dispersion, la région a pour atouts ses nombreuses compétences et son approche globale : « En octobre 2005, le conseil régional a organisé les premières rencontres de la saisonnalité pour élaborer une politique adaptée et renforcée », rappelle Claude Comet. En mars 2006, le plan est voté avec pour objectifs de développer l’emploi, la qualification et la formation professionnelle, et aussi l’accès au logement, capital dans des stations où l’immobilier est hors de prix.

972 logements créés

Depuis, l’engagement de la région en faveur de la saisonnalité a atteint 10 millions d’euros. Il a permis notamment d’aider à la création de 972 logements pour les saisonniers, de financer des études de l’Observatoire régional de la santé ou des programmes d’études menés par les syndicats. Depuis 2006, 990 jeunes par an ont par ailleurs été accompagnés vers un emploi saisonnier et 140 autres ont bénéficié d’expériences professionnelles à l’étranger pour renforcer leurs compétences. De fait, les questions d’emploi et de formation focalisent près de 52 % des crédits de la région, souvent via ses dispositifs. Ainsi, pour développer la biqualification et l’emploi à l’année, un million d’euros a été consacré aux Cared (contrats d’aide et de retour à l’emploi durable), dispositif régional d’aide financière aux entreprises pour la qualification des travailleurs.

Un réseau national

L’aide au groupement d’employeurs (GE), qui a représenté 32 500 euros en 2009-2010, est un autre moyen de favoriser et de sécuriser l’emploi. Le GE Reso 73-74 par exemple, créé fin 2009 dans les deux Savoies en hôtellerie-restauration, a ainsi bénéficié d’un soutien de 24 000 euros sur deux ans. Il a réalisé cette saison 70 recrutements pour sa cinquantaine d’adhérents. « Nous les informons en matière de RH et de droit du travail, explique Virginie Varraud, la directrice. Avec un réseau national, nous assurons aussi des échanges de salariés avec des régions qui ont une saisonnalité estivale, comme la Bretagne. » Sur le terrain, la région a confié à des acteurs experts de la saisonnalité une douzaine des 27 contrats territoriaux emploi formation (CTEF), dispositifs qui déconcentrent les crédits régionaux. En Savoie, un CTEF est porté par le comité de bassin d’emploi (CBE) d’Albertville, qui anime 7 espaces saisonniers, lieux d’accueil des salariés et de leurs employeurs en station. « Ces espaces sont le plus souvent gérés par les communes, explique Laurent Battier, directeur du CBE. Nous professionnalisons leur personnel et les aidons notamment à monter des formations de saisonniers ou à informer les employeurs. En janvier dernier, par exemple, nous avons réuni 40 chefs d’entreprise à Val-Thorens pour échanger autour du contrat de travail. »

Enfin, le plan de la région a permis de créer, en novembre 2008, QuestionSaison, un service d’information doté d’un portail Internet et d’une ligne téléphonique ouverte six jours sur sept. Il informe et oriente à la fois les saisonniers et leurs employeurs vers les bons interlocuteurs : « Une vingtaine de partenaires l’alimentent. Il enregistre 40 000 connexions par an, remarque Claude Comet. Mais il faut faire mieux. Et pour atteindre davantage les saisonniers là où ils sont, nous allons renforcer le réseau des 16 espaces saisonniers. »

Telle sera l’une des orientations de la politique de la saisonnalité soumise au conseil régional à l’automne prochain, « après une grande réunion de tous les acteurs de la saison, comme en 2006 », souligne Claude Comet. Pour Laurent Battier, c’est d’ailleurs un des points forts du plan : faire agir en cohérence une multitude d’intervenants autour d’un objectif commun.

TARENTAISE : LE PROFIL TYPE DES SAISONNIERS

La Tarentaise (73) réunit 27 000 emplois saisonniers, soit plus du quart de ceux en Rhône-Alpes. Ainsi, le territoire, qui a ouvert en 1991 le premier espace saisonniers de France et en comptera 8 l’hiver prochain, a souvent été à la pointe en la matière. En 2010, une enquête auprès de 250 saisonniers a montré une évolution de leur situation, malgré la permanence de problèmes. Venus d’autres zones géographiques à 60 %, ce sont souvent des salariés jeunes, qui, malgré les efforts des stations et des employeurs (qui les logent à 80 %), connaissent parfois des problèmes d’hébergement et de santé liés à leur mode de vie : MST, toxicomanie, dépression… Seuls 29 % ont suivi une formation professionnelle depuis qu’ils travaillent, même si 46 % envisagent d’en suivre une. Mais « cette population saisonnière vieillit, constate Laurent Battier, directeur du CBE d’Albertville, responsable de l’étude. D’une moyenne d’âge de 29 ans, elle se professionnalise et a le niveau bac ou plus, à plus de 50 % ». À 70 %, enfin, elle dit avoir choisi la saisonnalité. Elle connaît en moyenne sa 5e saison et la 3e chez le même employeur.

Auteur

  • FLORENCE ROUX