Après plusieurs années de concentration sur l’action, le court terme et les impératifs annuels, le besoin de se doter d’une vision à plus long terme se réveille. Les collaborateurs réclament de la visibilité, les managers veulent transmettre du sens et non seulement gérer de la mise en œuvre, les dirigeants ont envie de projeter leur entreprise vers le futur en lui donnant une nouvelle dynamique. C’est très bon signe, comme si chacun se secouait de sa torpeur en faisant voler en éclats certaines croyances dépassées.
« L’important, c’est l’exécution. » Beaucoup d’entreprises se sont engouffrées derrière cette affirmation, justifiant que le succès s’obtient par 10 % de réflexion et 90 % de mise enœuvre. Après tout, quand les résultats ne sont pas excellents et que la motivation flanche, se dire que le problème est une affaire de discipline est sans doute rassurant. L’ennui est que ça ne marche pas, car les prémisses sont fausses : l’entreprise d’aujourd’hui a besoin d’intelligence, d’agilité, de perspicacité et d’initiative, pas de soldats disciplinés. L’enjeu est plutôt de dynamiser l’aptitude à la créativité et à l’action.
« Les salariés n’ont pas besoin de vision pour travailler. » Parfois, les comités de direction élaborent leur vision mais négligent de la communiquer autour d’eux. Il est pourtant illusoire de croire que les collaborateurs n’ont pas besoin d’horizon et qu’une simple feuille d’objectifs suffit. Quand le futur n’est pas discuté, commenté, communiqué, l’engagement disparaît… Car personne ne peut s’impliquer sur du flou. Aucun séminaire sur la responsabilité ou l’engagement ne produira de merveilles ; les personnes ont besoin de se projeter ensemble dans un futur qui leur parle.
« Impossible de savoir de quoi demain sera fait. » Puisque les prévisions se trompent sans cesse, pourquoi diable perdre du temps à se projeter dans l’avenir ? C’est oublier que tout individu est capable de capter le futur à travers de multiples “signaux faibles”, et que la réunion de l’ensemble de ces perceptions, observations et intuitions donne une image assez claire des grandes tendances. Les entreprises les plus lucides, trouvant trop dommage de reléguer tous ces “radars” au placard, choisissent de libérer les capacités collectives, en élaborant une démarche de vision participative qui renforce l’entreprise et donne du sens à tous.
« Une vision ne produit rien de concret. » Là encore, on découvre clairement la faille derrière cette façon de penser. La vision n’est pas à incriminer, elle n’a tout simplement pas été associée à la méthode adéquate d’appropriation et de déclinaison en plans d’action. « Accrocher sa charrue à une étoile » est une superbe idée, mais il faut, d’un côté, l’étoile et, de l’autre, la charrue. Comprendre ces ressorts extraordinaires de créativité et de motivation intrigue, mais cela permet à toute entreprise déterminée de se donner un grand élan régénérateur.
