Nouvelle édition mise à jour pour ce “Que sais-je ?” plus que jamais d’actualité. Les précaires, intérimaires, stagiaires, CDD et autres vacataires, qui étaient il y a peu encore minoritaires dans notre société salariale, tendent sous l’effet de l’injonction à la flexibilité à devenir une part tout à fait significative de la population salariée.

Fait plus nouveau encore, cette précarité peut désormais difficilement être pensée sans être mise en rapport avec la pauvreté de bons nombres de personnes, y compris salariées. Tout se passe comme si la mobilité exigée des salariés avait pour rançon non la liberté de zapper entre différentes formes d’emploi, voire de métiers, mais l’impossibilité de choisir. L’alternance du travail et du non-travail, des périodes d’emploi et de chômage, les horaires sont de plus en plus subies.

Patrick Cingolani, professeur à l’université de Paris Ouest Nanterre-La Défense, rappelle les étapes de ce mouvement d’ensemble, qui correspond à une paupérisation assez générale des classes laborieuses. Au passage, il pointe le fait que ces travailleurs précaires, quels que soient leurs métiers et leurs compétences, se constituent peu à peu en sous-prolétariat par rapport aux salariés protégés par un contrat de travail à durée indéterminé. Il rappelle l’urgence qu’il y aurait à donner aux travailleurs, salariés permanents ou non, et à leurs familles une sécurité économique aujourd’hui largement compromise par la mobilité que notre société valorise tant. Et ce d’autant plus que la précarité n’est pas seulement un état ponctuel mais qu’elle handicape les parcours, voire le destin de la descendance.

La précarité

Patrick Cingolani, PUF, 130 pages, 9 euros.