Soit qu’on en cherche les raisons, soit qu’on tente d’y remédier par le recours à des psys (psychothérapeutes ou coachs), on a trop tendance à considérer l’individu comme le pivot des questions du mal-être au travail. Les solutions individuelles proposées de l’extérieur, même les mieux intentionnées, tendent à gommer l’impact de l’organisation du travail sur les individus.

Pour Dominique Lhuilier, professeur en psychologie du travail, la question n’est pas tant de dénoncer ni même de réparer de l’extérieur les dégâts que de transformer les situations génératrices de malaise individuel ou collectif. La clinique du travail qu’elle propose comme solution ne constitue pas une démarche d’expertise située hors des situations de travail, mais une recherche-action qui consiste à mobiliser conjointement les connaissances du clinicien et des acteurs pour faire évoluer les situations potentiellement pathogènes. Le travail, en effet, n’est pas un simple objet d’étude mais une activité proprement humaine. Cette activité, ce faisant, transforme en même temps la réalité et le sujet. Ce n’est donc qu’en travaillant leur rapport aux conditions dans lesquelles s’exerce le métier que les individus peuvent atteindre dans la sphère professionnelle cet épanouissement de soi qui constitue en quelque sorte un idéal de toute activité humaine, quel que soit le champ où elle s’exerce. Un livre dense, fondé sur de multiples exemples empruntés à des secteurs professionnels aussi différents que l’hôpital, la prison, la police ou encore l’industrie.

Cliniques du travail

Dominique Lhuilier, éditions Erès, 250 pages, 13 euros.