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« LE DIF PORTABLE, ÇA MARCHE, MAIS IL FAUT UNE DÉMARCHE VOLONTAIRE »

enquête | publié le : 24.05.2011 |

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« LE DIF PORTABLE, ÇA MARCHE, MAIS IL FAUT UNE DÉMARCHE VOLONTAIRE »

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Quatre personnes ayant bénéficié d’un DIF portable et une autre en attente d’une réponse témoignent.

DOMINIQUE CHAPONNIER DIF D’OPÉRATEUR DE PARCOURS ACROBATIQUE EN HAUTEUR

« J’ai été salarié durant cinq ans dans une entreprise de grimpe d’arbres, la forme originale de ce qu’on appelle “accrobranches”, raconte ce tout juste quinquagénaire. C’est une activité nomade qui se déroule dans toute la France, partout où il y a de grands arbres à découvrir. J’étais chargé de l’organisation de l’exploitation : recherche de clientèle, gestion du matériel, recrutement… J’ai quitté cette entreprise, installée en région parisienne, le 10 mai 2010 pour créer ma propre structure, DCO Arboraid dans la Nièvre, le 1er juillet 2010. Je suis désormais travailleur indépendant, mais j’emploie de 4 à 10 saisonniers.

En tant que gestionnaire d’exploitation, je connaissais le DIF. Aussi, j’ai souhaité l’utiliser pour diversifier mes compétences. Mon dossier présentait une difficulté administrative. Je n’étais plus salarié dans ma précédente société ni, non plus, demandeur d’emploi, mais créateur d’entreprise dans sa première année de création ! Agefos-PME Ile-de-France, gestionnaire des fonds formation de mon précédent employeur, a transmis mon dossier à Agefos-PME Bourgogne, qui a accepté de financer mon DIF portable au titre de la création d’entreprise.

Pôle emploi Bourgogne a cependant tenu à me voir pour parler de ce projet : il l’a validé, mais ne l’a pas cofinancé. Agefos-PME Bourgogne l’a intégralement assumé. Le coût était malgré tout faible : 445 euros. En mars 2011, j’ai donc été formé au CQP d’opérateur de parcours acrobatique en hauteur à l’école Afforpah créée par le syndicat national des exploitants de parcours d’aventure, près d’Angers.

Vingt-quatre de mes 79 heures de DIF disponibles ont ainsi été consommées. Comme le DIF est valorisé en euros et non en heures, il me reste environ 270 euros, soit environ 30 heures de formation à 9,15 euros, auxquels pourraient s’ajouter les 1 500 euros d’aide individuelle à la formation (AIF) de Pôle emploi. Ce qui tombe bien, puisque je ne compte pas m’arrêter là.

Le DIF portable, ça marche, il faut en parler. Simplement, rien ne se passe si la personne ne fait pas une démarche volontaire. Et avoir un interlocuteur identifié dans son Opca facilite grandement les choses. »

L. G.

ERIC CHOURAQUI DIF D’AUXILIAIRE AMBULANCIER

Jusqu’en juillet 2010, Eric Chouraqui, 46 ans, a travaillé pendant dix ans à temps partiel comme conseiller téléphonique dans une société de vente par Internet de billets de spectacle. Parallèlement, il était directeur d’un centre de quartier à Montreuil (93), spécialisé dans l’accueil des enfants ; à ce titre, il était employé de la mairie. En juillet 2010, il négocie son départ, « voulant changer de vie » et « ne plus être derrière un bureau ». Son objectif est de devenir auxiliaire ambulancier, et il cherche une formation en conséquence.

Inscrit au chômage de juillet à septembre 2010, il demande à Pôle emploi le financement d’une formation d’auxiliaire ambulancier délivrée par l’AFT-Iftim : refus. Il reprend alors contact avec la direction des ressources humaines de son ancien employeur pour trouver une solution. Cette dernière lui indique qu’il a un crédit d’heures de DIF équivalent à 800 euros et lui donne le contact de son Opca : l’Afdas.« J’ai pris contact avec l’Afdas par lettre, le dossier a été largement traité par téléphone ; en moins de deux semaines, c’était réglé », se souvient Eric Chouraqui. S’en suivent 70 heures de formation à l’AFT-Iftim, soit deux semaines à temps plein de novembre à décembre 2010, pour un coût de 665 euros, intégralement supporté par l’Afdas.

Aujourd’hui, Eric Chouraqui assure des remplacements dans une société d’ambulance, mais est toujours à la recherche d’un temps complet.? Il sait désormais que passer en complément le diplôme d’Etat d’ambulancier lui donnerait toutes les chances d’accéder à un poste fixe.

L. G.

CÉLINE BORGNE EN ATTENTE D’UN DIF DE MANUCURE-STYLISTE ONGULAIRE

Céline Borgne, 30 ans, titulaire d’un bac SMS (sciences et techniques médico-sociales) a démissionné de son emploi de secrétaire médicale (dix ans d’expérience) pour suivre son conjoint affecté dans le Var. « Impossible de retrouver un emploi dans mon secteur professionnel sinistré. Ma seule chance de retrouver une activité est de la créer moi-même », témoigne Céline, qui souhaite créer son auto-entreprise de manucure-styliste ongulaire. Première étape : Pôle emploi. Son référent lui indique qu’elle dispose d’une enveloppe de 942 euros correspondant à 103 heures de DIF portable, mobilisable pensant sa période de chômage (son motif de démission est légitime au regard de la réglementation du régime d’assurance chômage, ce qui lui permet d’être indemnisée et, de ce fait, de bénéficier de son DIF portable).

L’étape suivante consiste à contacter l’Opca de son dernier employeur (Opca PL) pour obtenir la prise en charge de sa formation. Céline Borgne attend la décision de l’Opca et ne cache pas que, si celle-ci est négative et que Pôle emploi ne peut pas abonder l’enveloppe financière de son DIF portable, elle devra renoncer à son projet de création d’entreprise. « Je ne peux pas financer moi-même cette formation. Si je n’arrive pas à réaliser mon projet, nous envisageons avec mon compagnon de quitter la région pour me permettre de retrouver un emploi dans le secteur médico-social », confie Céline.

V. G.-M

GUILLAUME BLIVET DIF SUR L’USAGE DU WEB 2.0 DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ

Après deux CDD dans le secteur mutualiste, Guillaume Blivet, 30 ans, titulaire d’un master 2 en santé publique et management de la santé, a souhaité créé son activité de conseil en management et gestion de projets innovants dans ce secteur. « J’étais au courant de l’existence du DIF. Je me suis donc directement adressé à l’Opca de mon dernier employeur, Uniformation. Mais la formation débutant à l’issue de mon CDD, j’ai dû remettre la procédure dans le bon ordre et passer d’abord par Pôle emploi, qui m’a donné un avis favorable », raconte Guilllaume Blivet. En termes de formalités, rien à dire : « Tout s’est passé très vite. En un mois, j’ai obtenu toutes les réponses. » En revanche, déception sur le compteur DIF (une dizaine d’heures), et sur le montant de l’enveloppe financière : 248 euros au total (166 euros au titre du premier CDD, 82 euros au titre du second). Insuffisante pour financer l’intégralité de la formation que Guillaume jugeait nécessaire pour lancer son activité : deux jours de formation sur l’usage du Web 2.0 et mind mapping professionnel, soit 700 euros au total. C’est donc sur ses économies qu’il a payé le solde de 60 %.

V. G.-M.

NATHALIE BÉNÉCHET VÉTÉRINAIRE SALARIÉE, DIF POUR SUIVRE UN CONGRÈS DE MÉDECINE

Nouvellement embauchée par une clinique vétérinaire en tant que salariée, Nathalie Bénéchet, 26 ans, qui débute sa carrière de vétérinaire après une courte expérience en CDD dans un laboratoire, a souhaité s’inscrire à un congrès de médecine vétérinaire. « Ces trois jours de formation m’ont permis de parfaire des connaissances acquises en formation initiale. Les congrès médicaux constituent pour les vétérinaires le mode principal de formation. » Dotée d’une maigre enveloppe DIF de 90 euros, Nathalie Bénéchet a pris à sa charge la différence, l’accès au congrès s’élevant en effet à 380 euros. « En fait, j’ai d’abord réglé mon inscription, puis j’ai recherché sur Internet s’il existait des possibilités de prise en charge. C’est ainsi que j’ai découvert le DIF portable. J’ai rappelé mon ancien employeur, qui m’a donné les attestations nécessaires, puis j’ai contacté l’Opca PL dont relève mon nouvel employeur. Celui-ci sait que je suis partie en formation, car j’ai joint son accord au dossier adressé à l’Opca PL comportant notamment le certificat de travail remis à l’issue de mon précédent emploi. Mais j’ai pris un congé pour participer au congrès », précise la jeune vétérinaire.

V. G.-M.