logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

enquête

LES SALAIRES, UN DOSSIER PARMI D’AUTRES POUR LES DRH

enquête | publié le : 17.05.2011 | E. F.

Image

LES SALAIRES, UN DOSSIER PARMI D’AUTRES POUR LES DRH

Crédit photo E. F.

Les revendications salariales ont beau progresser, la question n’inquiète pas outre mesure les DRH.

Selon un sondage Harris Interactive paru dans l’Humanité Dimanche le 29 avril, 76 % des salariés estiment que l’urgence à laquelle les syndicats doivent s’atteler cette année est la revalorisation des salaires. Plusieurs conflits sociaux portant sur les rémunérations ont d’ailleurs récemment été relayés par les médias.

Ces signaux ne semblent pas alerter les DRH. La question des rémunérations est même moins prégnante pour eux cette année que l’année dernière. Interrogés dans le cadre de notre baromètre en 2010, un peu plus de la moitié redoutaient un conflit sur cette question, ils ne sont plus que 37 % cette année.

Ce décalage peut avoir plusieurs explications. On ne peut évidemment pas exclure que les DRH se voilent la face sur l’importance de la question salariale. D’une part parce que c’est leur intérêt, d’autre part parce que les prévisions de NAO “chaudes” début 2009 et début 2010 n’ont pas débouché sur les orages prévus, ainsi que le reconnaissait Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail, dans une tribune du 19 avril (www.istravail.com). Mais il y a aussi des raisons objectives.

Partage de la valeur ajoutée

D’abord, le calendrier. Notre baromètre a été réalisé au cours des deux dernières semaines du mois de mars. Les DRH ne connaissaient pas encore le projet de prime salariale du gouvernement, qui a placé les rémunérations au centre de l’agenda politique, social et médiatique.

Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH, formule à ce propos deux objections sur la méthode du gouvernement : « Le partage de la valeur ajoutée part d’une bonne idée. Mais ce débat peut-il n’avoir lieu qu’en France, alors que la distribution des dividendes dans les grandes entreprises est une stratégie mondiale. Par ailleurs, le gouvernement a commencé par annoncer une prime de 1 000 euros. Il incombera donc désormais aux entreprises d’expliquer pourquoi la prime n’atteindra pas forcément ce montant. Ce sont donc les entreprises qui n’ont pas le beau rôle. »

Régression du gel des salaires

Le décalage entre la perception des DRH et celle des salariés sur les rémunérations peut avoir une autre explication. Les entreprises ont commencé à lâcher du lest l’année dernière sur les salaires. A en croire les DRH interrogés dans le cadre de notre baromètre, ils ne sont “que” 22 % à avoir gelé les salaires en 2010, alors qu’ils étaient 32 % à l’avoir fait un 2009. Les professionnels RH peuvent donc se dire qu’ils ont fait leur possible en la matière. C’est l’explication de Jean-Christophe­Sciberras : « Au moment où les DRH ont été interrogés, fin mars, beaucoup d’entreprises avaient déjà leurs NAO derrière elles. Or moins d’entreprises ont gelé les salaires, et celles qui ont donné ont donné plus que prévu, parfois du fait de conflits. »

Enfin, il pourrait y avoir une troisième explication. Les DRH ne s’inquiètent pas des salaires, parce qu’ils savent que ce dossier s’articule avec d’autres : l’emploi (c’était surtout vrai ces deux dernières années), le temps de travail (cela semble être la tendance en 2011) ou la protection sociale, l’épargne retraite, la participation… Ainsi, la prime contre dividendes voulue par le gouvernement, dont le montant sera négocié dans chaque entreprise, pourra être versée en participation, actions gratuites ou en finançant une mutuelle. Le salaire n’est qu’un dossier dans un ensemble de négociations.

Auteur

  • E. F.