Progrès durables ou effet de la conjoncture ? Notre baromètre Défis RH fait apparaître que les entreprises progressent dans l’emploi des seniors. Selon les résultats, 26 % des DRH déclarent que leur entreprise a recruté une part significative (plus de 5 % des recrutements) de seniors (+ 50 ans) en 2010. Ils étaient 15 % dans cette situation dans notre précédent baromètre. Majoritairement, les seniors sont recrutés en CDI. « On ne peut que se féliciter que des seniors trouvent du travail, surtout en CDI. Cela montre que les entreprises font des efforts, remarque Nicole Raoult, directrice du cabinet de conseil en gestion des âges Maturescence. Mais cet effort va-t-il s’accroître ? Cet effet n’est-il pas simplement dû à la période et au contexte politique ? »

Toutefois, une proportion croissante des entreprises est désormais couverte par un accord seniors : 72 % en 2011 contre 44 % en 2010. Par ailleurs, moins d’entreprises se contentent d’un plan unilatéral : 6 % cette année contre 30 % l’année dernière. Un peu comme si elles avaient paré au plus pressé en se couvrant d’abord avec un plan, avant de négocier un accord. « Ce serait un enchaînement vertueux, mais ce n’est pas ce que j’observe, commente Nicole Raoult. Il s’agit sans doute d’un biais de l’échantillon. » Reste que 28 % des entreprises ont signé un accord de contenu comportant des mesures correctives. « Les entreprises sont obligées, de par la loi, de faire figurer des actions correctives dans leurs accords. Toutefois, ces actions sont, dans les faits, difficiles à mettre en place, y compris les entretiens de seconde partie de carrière, a priori simples. »

S’agissant des départs de seniors, notre baromètre fait apparaître deux signaux. L’un est négatif : les seniors sont toujours une variable d’ajustement des effectifs ; 32 % des DRH déclarent que les seniors font encore l’objet de mesures de départs volontaires dans leur entreprise (32 % en 2010); et, lorsque les entreprises ont réduit leurs effectifs, les départs ont majoritairement concerné les seniors dans 26 % des entreprises (54 % dans les plus de 2 000 salariés). « Dans les plans sociaux, surtout des grandes entreprises, il y a des mesures d’âge », confirme Nicole Raoult. En revanche, et c’est le point positif, les entreprises ne détournent pas la rupture conventionnelle de sa finalité en s’en servant pour se séparer des seniors : seules 6 % des entreprises y recourent essentiellement pour les seniors. Conclusion de Nicole Raoult : « Les entreprises font un effort de méthode, agissant sous la contrainte, elles se sont disciplinées. Mais elles auraient besoin d’être convaincues pour poursuivre leur effort. L’emploi des seniors est un chantier de longue haleine, qui va s’articuler avec les dossiers pénibilité et stress. »