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« IL EST ESSENTIEL, SURTOUT EN SORTIE DE CRISE, DE PRENDRE EN COMPTE LA VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES »

enquête | publié le : 17.05.2011 | E. F.

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« IL EST ESSENTIEL, SURTOUT EN SORTIE DE CRISE, DE PRENDRE EN COMPTE LA VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES »

Crédit photo E. F.

E & C : Les DRH sont assez peu inquiets sur les risques de conflits sociaux dans leur entreprise, notamment sur les questions de rémunération. Était-il nécessaire de relancer le débat avec la prime salariale ?

X. B. : Le principe de la prime accordée aux salariés, c’est d’abord une question d’équité. Il est normal que la valeur créée par une entreprise profite à ses actionnaires, mais elle doit également profiter à ses salariés. Les entreprises de plus de 50 salariés dont les dividendes augmentent leur verseront une prime. L’État fixe le principe, mais le montant et les modalités seront discutés au sein de l’entreprise. Chacun sait que la même règle ne peut être imposée à toutes les entreprises. C’est pourquoi, pour celles de moins de 50 salariés, nous inciterons les chefs d’entreprise à distribuer volontairement la prime en leur faisant bénéficier des mêmes exonérations. Nous souhaitons que cette prime entre en vigueur le plus vite possible, c’est pourquoi nous voulons un texte avant l’été. Mais attention, la prime, c’est en plus des salaires, pas à la place des salaires.

Sur la question du pouvoir d’achat, la défiscalisation des heures supplémentaires a profité à près de 7 millions de salariés. Pour un salarié au smic qui fait 2 heures supplémentaires par semaine, c’est 100 euros net de plus par mois. Ou encore, grâce à la loi de décembre 2008, les salariés peuvent aujourd’hui disposer immédiatement des sommes issues de la participation. à ce titre, ce sont près de 1,8 milliard d’euros qui ont pu être directement perçus par les salariés en 2009.

E & C : Les DRH sont réticents à l’approche par pénalités sociales adoptée par le gouvernement sur les seniors, l’égalité hommes-femmes et la pénibilité. Comprenez-vous leur point de vue ?

X. B. : Sur ce sujet, je veux être très clair, l’objectif n’est pas de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État mais bien d’obliger les entreprises à engager des démarches de responsabilité sociale pour que les choses évoluent réellement. Je comprends les interrogations des DRH, mais je tiens à leur dire qu’il est essentiel, surtout au sortir de la crise, de veiller à prendre en compte le mieux possible la valorisation des ressources humaines jusqu’au plus haut niveau de l’entreprise.

Je pense que chacun est conscient de l’importance de ces thèmes que sont l’égalité professionnelle, l’emploi des seniors ou encore la pénibilité. Le dispositif sur l’emploi des seniors a ainsi permis la mise en place de 34 200 accords ou plans d’action déposés auprès des Direccte. Les DRH ont un rôle majeur au sein de l’entreprise : ils ont un rôle d’intégrateurs, de pédagogues, qui est essentiel pour que les choses avancent. Ils ne sont toutefois pas seuls. Sur la prévention de la pénibilité par exemple, nous allons mettre prochainement sur le site < travaillermieux.gouv.fr > des outils à leur disposition pour leur apporter une aide, ainsi qu’aux partenaires sociaux.

E & C : Les entreprises ont recruté davantage de seniors mais s’en sont également davantage séparées. Comment analysez-vous ces évolutions ?

X. B.: L’emploi des seniors en France a trop longtemps été considéré comme une variable d’ajustement sur le marché du travail. C’était un véritable gâchis économique, social et humain. Le taux d’emploi des seniors progresse, en particulier sur la tranche d’âge 55 à 59 ans, qui est passé depuis 2007 de 55 % à 60 %, soit proche de la moyenne de l’Union européenne. L’augmentation du taux de la surcote, la libéralisation du cumul emploi-retraite, l’incitation faite aux entreprises de conclure des accords sur l’emploi des seniors, la taxation des préretraites ou encore le report de l’âge de mise à la retraite d’office sont des mesures engagées par le gouvernement depuis 2007 qui ont participé à cette amélioration. Par ailleurs, l’âge de la retraite jouait trop souvent encore un rôle de couperet et agissait comme un horizon indépassable. En reculant l’âge légal de départ à la retraite, la loi sur les retraites de 2010 contribue à faire sauter la barrière des 60 ans et incite ainsi à changer radicalement les comportements.

E & C : Les entreprises qui envisagent d’augmenter la part des alternants dans leurs effectifs sont aussi celles qui en emploient déjà le plus, et inversement. Pensez-vous que l’augmentation du quota à 4 % et le bonus-malus peuvent changer cette culture ?

X. B. : Oui, j’en suis convaincu. Je suis persuadé que nous pouvons faire évoluer les mentalités et, pour cela, nous devons faire preuve de pédagogie : la formation en alternance, c’est l’opportunité pour les entreprises de former directement ses futurs salariés à ses propres métiers, à sa culture, aux compétences qui lui sont nécessaires et de fidéliser ainsi son recrutement. Avec Nadine Morano, nous avons d’ailleurs lancé une campagne de communication nationale sur la formation en alternance et sur l’apprentissage auprès des jeunes et de leurs parents. Les entreprises qui font déjà confiance à l’apprentissage le savent, et il est de notre responsabilité d’inciter les autres à embaucher davantage d’alternants.

C’est une exigence d’équité que de ne pas mettre au même niveau les entreprises qui jouent le jeu de l’alternance et celles qui font peu ou pas d’efforts. C’est pourquoi nous souhaitons un système plus juste de bonus-malus, qui évoluera en fonction des efforts de l’entreprise : une taxation renforcée pour celles qui ne font aucun effort en faveur de l’alternance, et un bonus pour celles qui dépassent les objectifs – soit 4 % d’alternants dans l’ensemble des effectifs 2011. Ces dernières bénéficieront d’un bonus d’une valeur de 400 euros par contrat. Ce bonus sera valable pour toute embauche supplémentaire d’un jeune en alternance.

E & C : L’incitation financière suffira-t-elle ?

X. B. : Réussir à convaincre les entreprises qui ne recrutent pas ou peu d’apprentis passe par l’information et la simplification des dispositifs.

C’est le rôle notamment des “300 développeurs de l’apprentissage” présents sur le terrain. Au sein des réseaux consulaires ou encore dans le secteur du BTP, ils permettent à des entreprises de toutes tailles de s’engager en faveur de l’apprentissage.

Je rappelle que, pour les PME de moins de 250 salariés, le président de la République a annoncé le 1er mars dernier de nouvelles mesures pour les inciter à faire davantage appel à la formation en alternance pour leurs recrutements. Ainsi, pour toute embauche supplémentaire d’un jeune en alternance par rapport à l’année précédente, l’entreprise peut bénéficier d’un an d’exonération de charges. Je veux aussi rappeler l’aide exceptionnelle de 2 000 euros pour toute embauche d’un demandeur d’emploi de plus de 45 ans en contrat de professionnalisation, cette aide est d’ailleurs cumulable avec celle déjà versée par Pôle emploi.

Enfin, avec Nadine Morano, nous mobilisons les branches professionnelles et les entreprises qui veulent s’engager concrètement dans la formation en alternance. L’emploi est la préoccupation majeure de nos concitoyens, voilà pourquoi je compte sur la mobilisation de tous les acteurs pour qu’ensemble, nous puissions obtenir les résultats que les Français attendent.

Auteur

  • E. F.