logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

pratiques

La Polyclinique Notre-Dame survit à… sa destruction

pratiques | Retour sur… | publié le : 10.05.2011 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Victime des dramatiques inondations de juin 2010, la polyclinique Notre-Dame de Draguignan (Var) a dû fermer ses locaux pendant neuf mois. Grâce à une bonne gestion de la crise, la direction de l’établissement et du groupe Vitalia ont réussi à maintenir dans l’effectif presque tous les salariés.

Draguignan, 15 juin 2010. Sous une pluie torrentielle, la rivière Nartuby sort de son lit et déferle sur la Polyclinique Notre-Dame (230 salariés), fleuron du groupe Vitalia. « J’ai couru dire à tout le monde de monter dans les étages, raconte Lisa Bronda, la directrice. Puis nous avons recensé patients et personnel. » Nathalie Dhondt, infirmière et secrétaire du CE, se souvient : « Notre métier a pris le dessus : grâce aux formations incendie, nous avons géré nos patients, sans eau ni électricité, jusqu’à l’évacuation par les pompiers. » Aucune victime ne sera à déplorer dans l’établissement.

Opération “sauvetage”

Dès le lendemain commence une opération “sauvetage” de la clinique, dont les locaux sont dévastés. « Nos salariés, qui avaient perdu leur travail, leur voiture, parfois leur maison, sont venus pendant quinze jours nous aider à récupérer du matériel dans la boue et les gravats, se souvient, émue, Lisa Bronda. Je me doutais que nous ne pourrions rien réutiliser, mais j’ai laissé faire car ils avaient besoin de se sentir utiles. » L’équipe de direction participe au nettoyage, nomme une équipe pour faire des sandwichs… et montre qu’elle croit à l’avenir de l’établissement. En effet, seul le centre de convalescence, en sous-sol, ne rouvrira pas. Un service de médecine, situé au seul étage épargné, a pu reprendre rapidement son activité, de même que l’hospitalisation à domicile, dont les 17 salariés ont travaillé spontanément de chez eux.

Garder le lien avec le personnel

Mais pour le reste (urgences, chirurgie, consultations…), il a fallu s’organiser, avec un enjeu fort pour l’établissement : garder le lien pendant de longs mois avec le personnel, notamment les infirmiers, que la polyclinique aurait eu du mal à remplacer s’ils avaient décidé de partir. « Notre certitude de rouvrir a été moteur, assure la directrice. Pourtant, rien ne l’assurait : la prison, voisine de la clinique, a, elle, fermé définitivement. »

Deux jours après le drame, Jean-Baptiste Mortier, directeur du groupe, vient faire plusieurs annonces qui scellent la confiance : les paies seront maintenues et tous les salariés du centre de convalescence seront reclassés en interne – seuls les CDD n’étant pas renouvelés. Pour financer la première mesure, après une ponction immédiate sur sa trésorerie, Vitalia a recours à son assurance et obtient de la Direccte un accord pour des mesures de chômage partiel. Par ailleurs, il instaure immédiatement un soutien psychologique, assuré par le psychologue de l’établissement et par deux autres professionnels, en ville.

De son côté, la direction de la polyclinique obtient de l’Agence régionale de santé (ARS) l’autorisation exceptionnelle de créer des sites “déportés” : les équipes sont ainsi réparties, en fonction de leurs spécialités, dans quatre hôpitaux publics et cliniques privées de Draguignan, Fréjus, et Grasse acceptant de prêter des locaux. Quatre cadres sont nommés responsables respectifs de chacun de ces sites et, le 26 juillet, tout le monde peut reprendre partiellement le travail.

« J’ai constitué, avec la DRH et les surveillantes, les plannings alternant pour chacun travail et chômage partiel, voire prise imposée de congés », commente Lisa Bronda. Pour ceux qui doivent aller à Grasse, à une heure de route, un covoiturage est organisé, les frais et les repas remboursés.

Mais en novembre, un nouvel effort est demandé : l’hôpital de Fréjus devant récupérer ses locaux, les salariés doivent se redéployer dans un autre “site déporté” de Draguignan… le soir et le week-end. « Je n’ai jamais eu à brandir la menace de la fermeture, assure Lisa Bronda. Tout le monde a accepté. » Aussi, pour soutenir ces équipes, les cadres se relaient auprès d’elles après leurs propres journées de travail.

Selon la directrice, c’est là un bénéfice durable de cette crise : « Aujourd’hui, je dirige un établissement neuf, mais avec des gens pour lesquels j’ai une amitié profonde. Et comme chaque équipe se débrouillait pour son approvisionnement, son organisation, tout le monde a gagné en autonomie. »

Des équipes plus soudées

Pour diffuser des informations à ses salariés disséminés, la direction a ouvert un blog, alimenté avec l’aide des services du siège. « J’ai aussi organisé une réunion devant la clinique, tous les lundis matins, assure la directrice. À chaque fois, il y avait 50 à 60 personnes. » Le 31 mars, lorsqu’après neuf mois de fermeture, dont la moitié de travaux (pour 12 millions d’euros), la polyclinique a rouvert ses portes. Les 210 employés étaient présents : « Il n’y a eu que quelques démissions, souvent des femmes dont le mari, gardien à la prison, a été muté, commente Nathalie Dhondt. Nous avons confiance, nous savons que la direction saura reconnaître la somme de travail que nous avons fournie. »

AIDES AUX SALARIÉS SINISTRÉS

Dès le surlendemain de la catastrophe, la direction du groupe a annoncé que tous les collaborateurs en service ce jour-là et ayant perdu leur voiture recevraient 3 000 euros, plus 2 000 euros pour ceux dont la maison est sinistrée. Ces aides financières, attribuées par abondement au budget des œuvres sociales du CE, lui coûteront au total 220 000 euros. « J’ai récupéré auprès des 70 salariés concernés les attestations nécessaires, raconte la secrétaire du CE. Puis j’ai contacté tous les garagistes de la ville pour leur demander une réduction pour nos employés. » Enfin, elle a aussi fait appel aux dons des autres CE du groupe, ce qui lui permet de redistribuer 1 000 euros supplémentaires à chaque sinistré.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE