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Enjeux

Réussir un brainstorming

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET | publié le : 03.05.2011 | MERYEM LE SAGET

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Réussir un brainstorming

Crédit photo MERYEM LE SAGET

Quand on peine sur un sujet, il est fréquent de proposer un temps de brainstorming. La suggestion est de se réunir à plusieurs, de dire ce qui nous passe par la tête, sans filtre ni autocensure. En s’appuyant sur le principe que toute idée est bonne, et que le but est de « sortir du cadre ». L’avantage est que cela détend, mais soyons honnêtes, cela produit rarement des idées utilisables. Il existe sans doute une manière plus efficace de réussir un brainstorming. En commençant par nuancer trois idées reçues.

Plus il y a d’idées, mieux c’est. La quantité est certes intéressante, car c’est en produisant beaucoup et en s’abstenant de chercher « la bonne idée » que l’on trouve des perles. Cette profusion sans restriction est parfaite pour l’ambiance, mais pas toujours pour le résultat. Car il conviendrait d’ajouter : en ayant clairement formulé au préalable le problème que l’on cherche à résoudre. Sinon, tout le groupe produit, certes, mais chacun suit son imaginaire ou ses stimuli du moment, sans que le travail nourrisse une réflexion collective.

Un groupe produit de meilleures idées qu’un individu isolé. Bien sûr, tout le monde connaît le principe 1 + 1 = 3. Mais un groupe peut aussi produire beaucoup de banalités, tout en ayant les meilleures intentions du monde. D’abord parce que les plus rapides ou ceux qui ont des voix puissantes vont dominer la dynamique. Les plus calmes auront du mal à se faire entendre. Ensuite parce que les premières conversations donnent le ton, surtout si les personnes qui s’expriment ont un certain charisme ou un niveau hiérarchique. Par contagion d’émotion et d’idées, le groupe va progressivement évoluer sous l’influence de ces leaders d’opinion. Attention à cette normalisation de la pensée sous l’effet des plus influents.

Une méthode astucieuse consiste à demander d’abord à chacun de marquer ses idées individuelles. On répartit ensuite les personnes en sous-groupes, pour qu’elles partagent leur production ; quand on a le souci de prendre en compte les perspectives de chacun, la dynamique prend son envol. Sinon, le brainstorming se résume vite à des conversations animées et polarisées entre quelques tempéraments forts.

Il ne faut pas de contrainte, un groupe fonctionne mieux spontanément. Quelques “règles du jeu” partagées, prédisposant à une bonne production, vont pourtant nettement enrichir la créativité collective ! L’agence de design californienne Ideo, mondialement reconnue pour sa créativité, adopte les règles du jeu suivantes dans ses réunions créatives : rester centré sur le sujet ; suspendre tout jugement ; une seule conversation à la fois ; encourager les idées insensées ; rebondir sur les idées des autres ; viser la quantité ; s’exprimer visuellement. Ces règles sont continuellement affichées au mur, à la vue de tous, et l’animateur peut y revenir si nécessaire.

A l’opposé, comment tuer un brainstorming ? Laisser parler le boss en premier, questionner en priorité les experts, trier les productions tout de suite, casser les idées dont on ne voit pas l’intérêt, oublier de donner les critères des solutions recherchées, et espérer sortir immédiatement de l’exercice avec des pépites.

Auteur

  • MERYEM LE SAGET