On parle pour les femmes de « conciliation » entre vie professionnelle et vie familiale, sortant par là de son champ traditionnel le terme juridique de conciliation pour l’appliquer à la sphère psychosociologique. Le juriste a recours à la conciliation pour apaiser un différend entre deux personnes. Ici, il s’agit de rendre compatibles en une seule personne des activités qui risquent de s’exclure.

Laurence Cocandeau-Bellanger, maître de conférences en psychologie sociale à l’université catholique de l’Ouest (UCO) d’Angers, s’applique à montrer que le problème est en fait plus compliqué qu’il n’y paraît, car ce ne sont pas deux aspects – le familial et le professionnel – mais bien quatre qui sont à concilier : les deux déjà cités auxquels s’ajoutent les activités personnelles pour se cultiver, prendre soin de soi, et les activités sociales, associative ou amicale. L’intérêt de l’ouvrage est de montrer que différentes stratégies de conciliation existent, non seulement en fonction des singularités de chaque femme mais aussi de leur mode de vie. L’une des différences essentielles entre les problématiques féminine et masculine est, en effet, que les ruptures sont plus nombreuses dans la vie de celles-ci que de ceux-là. L’auteure étend aussi le concept de carrière à la vie extraprofessionnelle. La carrière n’est pas simplement le parcours dans l’entreprise mais le parcours de vie d’un état d’équilibre plus ou moins stable à un autre. L’accent est également mis sur le risque inhérent à la représentation de la “superwoman”, qui contredit la notion de compromis dans la démarche de conciliation.

Laurence Cocandeau-Bellanger, Armand Colin, 176 pages, 19,50 euros.