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Le thème du bien-être envahit les baromètres sociaux

Les pratiques | publié le : 19.04.2011 | FRÉDÉRIC BRILLET

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Le thème du bien-être envahit les baromètres sociaux

Crédit photo FRÉDÉRIC BRILLET

En période de crise économique, les entreprises préfèrent mesurer les attentes de leurs salariés sur le bien-être au travail plutôt que sur la reconnaissance, plus difficile à satisfaire.

Devenus indispensables comme l’atteste leur banalisation, les baromètres sociaux s’adaptent à l’air du temps. Dans les années 2000, les enquêtes commandées par les entreprises pour prendre le poul de leurs salariés se focalisaient sur l’engagement. Aujourd’hui, la thématique du bien-être au travail est abordée par un tiers des clients d’Ipsos Management, qui gère quelque 70 baromètres sociaux. La raison de cette bascule ? La crise a réduit les marges de manœuvre des entreprises sur la question de l’engagement, en limitant les possibilités de promotion ou d’augmentation. En revanche, sur le bien-être, les employeurs peuvent être plus performants à moindre frais en améliorant l’organisation du travail.

Le bien-être se mesure aussi a contrario en suivant le niveau de stress. Cet item, marginal il y a quatre ans, concerne aujourd’hui les deux tiers de la cinquantaine de baromètres sociaux gérés par TNS Sofres. « C’est devenu un enjeu sur lequel les représentants du personnel sont très mobilisés, les entreprises ne peuvent donc pas faire l’impasse », commente Eric Chauvet, directeur adjoint du département stratégies d’opinion de TNS Sofres.

Quand bien même les dernières vagues de sondage TNS montrent que les salariés en font moins une priorité que le niveau de salaire, le stress fait l’objet d’un benchmarking serré et d’une communication en interne très attendue, à l’image de ce qu’a fait Electro Depôt, qui a en outre engagé des actions correctives (lire p. 14). Car la transparence vis-à-vis des salariés a gagné du terrain : « Il y a dix ans, la moitié des entreprises ne communiquaient rien. Aujourd’hui, la règle dominante est de publier toutes les réponses », explique Eric Chauvet. La communication des résultats en interne stimule la participation des salariés aux enquêtes, qui s’établit autour de 60 % à 70 %, et pousse les managers à remédier aux points faibles.

Insatisfaction salariale

Cependant, sur les sujets sensibles, certains employeurs se cantonnent aux résultats globaux qui, par le jeu des moyennes, masquent les disparités entre les catégories de salariés. La satisfaction vis-à-vis de la rémunération en fait partie.? Cette année, elle atteint un score historiquement bas avec seulement un tiers de satisfaits dans les baromètres TNS Sofres. Une enquête d’Ipsos auprès de salariés de différentes entreprises, publiée début avril, chiffre même le prix à payer pour accéder aux revendications des salariés : 815 euros de plus par mois.

Cette baisse de la satisfaction sur les salaires s’explique par le décalage entre le redressement des profits des grands groupes français, découlant de la croissance des pays émergents, et la stagnation de la feuille de paie. La réponse des directions consiste en général à dire, comme à Poralu Marine (lire p. 14), que le mécontentement des salariés porte moins sur le niveau des rémunérations que sur la transparence des règles de redistribution.

Sondages maintenus quelle que soit la conjoncture

L’impact de la crise sur l’activité des instituts chargés des baromètres sociaux a été variable : « Les grandes entreprises publiques ou privées, qui constituent l’essentiel de notre clientèle, maintiennent les vagues de sondage, quelle que soit la conjoncture », assure Antoine Solom, directeur d’Ipsos Management. Chez TNS Sofres, Eric Chauvet a tout de même enregistré des reports de vagues dans l’automobile : « Il y a toujours des entreprises qui surréagissent à la conjoncture et craignent de jeter de l’huile sur le feu. Il est vrai que consulter les salariés au milieu d’un plan social pour leur demander comment ils vont peut être perçu comme une provocation. »

L’austérité budgétaire peut aussi expliquer qu’une entreprise reporte un sondage, sachant qu’un baromètre social coûte de 20 000 à 200 000 euros par vague, selon la taille de l’échantillon et le niveau d’analyse demandé.

Des entreprises moyennes intéressées

Depuis environ six mois, TNS Sofres perçoit cependant une reprise du marché. En 2010, l’institut a enregistré une croissance de + 10 % sur l’activité baromètres sociaux. Une reprise qui se fonde sur la volonté d’entreprises moyennes, voire de PME, de se doter elles aussi de ce type d’outils.

L’essentiel

1 Les baromètres de climat social s’adaptent à la conjoncture. Actuellement, une majorité de sondages sont consacrés à la mesure du bien-être et du stress dans l’entreprise.

2 L’objectif du baromètre est de relever les points noirs à corriger. Mais les questions de l’engagement des salariés ou des rémunérations sont rarement posées en période de crise.

3 Cependant, quelle que soit la conjoncure, selon les instituts spécialisés, les grandes entreprises continuent à sonder leurs salariés.

Auteur

  • FRÉDÉRIC BRILLET