« Nous avons tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, mais la direction n’a rien voulu entendre », s’indigne Patrick Saurin, membre de l’exécutif national de SUD BPCE (Banques populaires et Caisses d’épargne). Les 18 et 28 mars derniers, deux salariés, l’un de la Caisse d’Epargne de Côte d’Azur, l’autre de celle de Bourgogne Franche-Comté, se sont donné la mort. Le 1^er avril, un troisième a tenté de se suicider sur son lieu de travail, à la caisse de Bretagne-Pays de Loire.

Des drames qui, pour le syndicat, sont liés à l’intensification de la pression commerciale et au nouveau mode de management reposant sur le “benchmark interne”. « Tous les jours, on compare entre elles les performances de chaque salarié et de chaque caisse. Du coup, personne ne sait jamais comment il sera évalué », explique Patrick Saurin, qui dénonce des propos avilissants à l’égard des salariés.

En 2008, SUD avait mené une enquête sur la souffrance au travail. Et, selon le syndicaliste, plus de 10 % des 5 000 salariés interrogés avaient indiqué que des collègues leur avaient déjà fait part d’idées suicidaires.

En octobre dernier, SUD avait réclamé à François Pérol, président du directoire de BPCE, l’abandon du benchmark. Avant d’engager, en début d’année, une action en justice contre la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, qui, la première, avait instauré le benchmark en 2007. « Le premier suicide a déclenché la création d’une commission d’enquête à la demande de l’employeur et du CHSCT, qui ont mandaté un expert externe », précise un porte-parole de la direction. « Le président du directoire de la Caisse d’épargne Côte d’Azur a également décidé de supprimer les indicateurs de benchmark du projet de part variable 2011 », ajoute Patrick Saurin.