logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« Si on arrive à créer un écosystème plus intelligent, la partie sociale s’imposera »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 19.04.2011 | CAROLINE FORNIELES

Image

« Si on arrive à créer un écosystème plus intelligent, la partie sociale s’imposera »

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

E & C : Quels effets peut avoir la charte des 10 bonnes pratiques lancée avec la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France (Cdaf) sur les relations avec les sous-traitants ?

J.-C. V. : Je remarque que cette charte régissant les relations entre clients et fournisseurs a beaucoup de succès. Déjà 129 grandes entreprises l’ont signée. On peut considérer qu’il y a une prise de conscience progressive.

Les industriels ont compris l’intérêt de créer un écosystème intelligent entre clients et fournisseurs. Et surtout, le monde des acheteurs a envie que cela change. La profession veut sortir de l’image négative dont elle souffre parce que certains ont eu des pratiques très contestables. La forte adhésion à la charte témoigne de cette volonté d’actions positives et de changement.

Avec la Cdaf et l’aide technique de Vigeo, nous avons mis au point un référentiel qui permettra demain de vérifier que les engagements des signataires de la charte se concrétisent dans la réalité.

C’est un audit de la relation client-fournisseurs par la mesure de la satisfaction du fournisseur. Nous travaillons par ailleurs sur une procédure de labellisation à partir de ce référentiel.

E & C : La responsabilité sociale et environnementale peut-elle s’imposer par le biais des relations clients-founisseurs ?

J.-C. V. : Notre référentiel prévoit que la RSE doit s’étendre aux fournisseurs. Le client en tiendra compte avant de signer ses contrats. Mais, pour être honnête, l’urgence de notre démarche de médiation a d’abord été de veiller à sauvegarder l’emploi, en évitant par exemple que l’interruption unilatérale d’un contrat mette une PME en dépôt de bilan.

Car, quand on détruit des emplois, les dégâts sociaux sont énormes. Par contre, je suis persuadé que si, grâce à la médiation et aux différentes initiatives, on arrive à créer un écosystème plus intelligent, alors la partie sociale s’imposera. Car des sous-traitants plus experts et plus forts seront davantage enclins à mieux traiter leurs salariés.

E & C : Est-ce qu’il faut légiférer pour éradiquer les mauvaises pratiques ?

J.-C. V. : Je ne pense pas. Il faut simplement appliquer les lois qui existent déjà. Elles sont suffisantes. Il me semble qu’il faudra mieux protéger les savoir-faire des fournisseurs, souvent victimes de vol de propriété intellectuelle, par le biais d’engagements de confidentialité ou de certificats d’utilité. Les médiations que nous conduisons permettent dans 80 % des cas de renouer les relations entre clients et fournisseurs, ce qui prouve que notre arsenal législatif suffit.

La médiation est essentielle, car elle permet de réengager le dialogue entre deux parties qui ne s’écoutent plus et sont prêtes à aller devant les tribunaux. En plus du rappel des bonnes pratiques et du droit, elle permet de voir l’intérêt de nouer une relation juste, équilibrée et durable. Plus que de la loi, les progrès viendront de la prise de conscience que malmener ses fournisseurs revient à se tirer une balle dans le pied.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES