Eric Laurent, Plon, 288 pages, 20 euros.

Lors d’un sondage CSA réalisé en octobre 2004, 88 % des Français considéraient les délocalisations comme un phénomène grave. Depuis, on a expliqué aux Français que les délocalisations ne signifient des destructions d’emplois que dans les secteurs vieillissants ou peu compétitifs, qu’elles dynamisent au contraire l’économie et créent des emplois dans des secteurs plus innovants. Mais, d’après Eric Laurent, le compte n’y est pas. La description qu’on nous a faite est bien loin de la réalité. Pendant de la mondialisation, les délocalisations ne constituent pas pour l’auteur un simple ajustement des économies selon leurs domaines de compétences comparatives, mais bel et bien un transfert du travail et des technologies vers les pays émergents dans une logique de profit à court terme. Avec le risque que, rapidement, ces pays n’aient plus du tout besoin de nous pour leurs échanges.

Au-delà des aspects les plus décriés des délocalisations vers les pays asiatiques, qui pratiquent une concurrence déloyale vis-à-vis des pays développés du fait de leurs conditions d’emploi, les délocalisations semblent se multiplier : soit à l’ombre des institutions communautaires, soit par transfert des équipements vers des pays où la main-d’œuvre est moins coûteuse, soit encore du fait de la concurrence de main-d’œuvre européenne déplacée.

Eric Laurent dénonce le scandale d’une logique financière qui brade les véritables intérêts économiques et sociaux des pays européens et dénonce également, au passage, les différentes subventions que ne se gênent pas d’empocher certaines entreprises avant de délocaliser. Subventions quelquefois accordées au nom de la sauvegarde de l’emploi. Un comble !

Eric Laurentest grand reporter, spécialiste en politique étrangère.