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Les pratiques

Grâce à l’alternance, des salariés handicapés ont été embauchés

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 12.04.2011 | C. R.

Dispositif original créé en 2002, le service de mise en relation entre travailleurs handicapés et employeurs pour une formation en alternance a confirmé sa pertinence. Il débouche dans la majorité des cas sur une embauche définitive. Née à Nancy, la méthode a essaimé chez ses voisins, en Alsace et Lorraine.

Pour une fois, créer une structure de plus n’a pas nui à l’efficacité. Constituée fin 2002 pour stimuler la formation en entreprise de travailleurs handicapés, la plate-forme alternance et handicap de Meurthe-et-Moselle a atteint son but. Financé par l’Agefiph, animé par l’Association Perspectives et Compétences (APC), qui accompagne les RH des employeurs, elle-même émanation du Medef départemental, l’outil a fait entrer en huit ans 289 travailleurs handicapés en formation en alternance. Les trois quarts d’entre eux ont réussi leur examen et ont presque tous décroché un emploi dans la foulée, dans leur entreprise d’accueil ou une autre. Les secteurs du commerce-grande distribution et de l’hôtellerie-restauration concentrent à eux deux plus du tiers des débouchés, suivis des espaces verts et du bâtiment (15 % chacun).

En pratique, la plate-forme est animée par le duo Laurence Leclair et Christiane Gaudel. Elles jouent les intermédiaires entre quatre acteurs : le travailleur handicapé tel que reconnu par la loi de 2005, l’employeur, le centre de formation et les « prescripteurs-orientateurs », catégorie dans laquelle se rangent les missions locales, Pôle emploi, les structures d’accueil, etc.

Elles accomplissent un travail de dentelle : pour “placer” les 289 personnes handicapées (de moins de 26 ans dans la très grande majorité), APC a signé des contrats avec presque autant d’entreprises (200), et les stagiaires se répartissent dans 42 centres de formation, où leur cursus se déroule très majoritairement dans le cadre “normal”, avec des valides.

Une méthode unique en France

La récente crise économique n’a pas cassé le rythme : 46 contrats en alternance ont été signés en 2010, à comparer aux 44 et 43 des deux années précédentes. Dans cinq cas sur six, la formation s’est située aux niveaux IV et infra.

Unique en France selon l’Agefiph, cette méthode de mise en relation a fait des émules dans les départements voisins : Vosges, Moselle, Haut-Rhin et Bas-Rhin. Les structures agréées par l’Agefiph dans chaque département présentent un profil très divers, selon qu’elles viennent du monde patronal ou de l’action sociale. « Nous avons harmonisé leur façon de travailler, de manière à développer une offre de services homogène », précise Christiane Therminot, chargée d’études et de développement à l’Agefiph Alsace-Lorraine.

Les entreprises qui ont recours à la plate-forme de Meurthe-et-Moselle ne respectent pas toutes, et de loin, le quota légal de 6 % de travailleurs handicapés. Elles en retiennent deux avantages principaux : l’allégement des procédures administratives (APC s’occupe d’une bonne partie d’entre elles) et plus encore le temps d’adaptation réciproque que l’alternance donne à la personne handicapée comme à son employeur.

« Ceci augmente les chances de transformer le contrat en embauche ferme. En un an ou plus, nous pouvons observer le déroulement de l’intégration, aménager un poste le cas échéant et sensibiliser nos salariés à l’accompagnement du handicapé », souligne Christel Bonhomme, responsable RH d’un magasin Leroy-Merlin près de Nancy. Pour favoriser un peu plus l’acclimatation, APC aménage souvent un stage d’une quinzaine de jours préalable à la période d’alternance.

Un temps pour vérifier l’adaptation au poste

Au Centre psychothérapique de Nancy, qui a recruté un travailleur handicapé psychique dans son équipe de restauration, « la période du contrat d’apprentissage a donné le temps de bien décomposer le poste pour vérifier son adaptation. Certes, il faut souvent répéter des consignes à la personne… mais c’est aussi le cas avec des valides ! », relate Julien Fabbro, responsable du service.

Angle différent pour la tuyauterie industrielle Fives-Nordon : « Nous avons recruté avant tout une compétence, qui se trouve être détenue par un salarié handicapé », indique le DRH Pascal Guéry.

Entre contrat d’apprentissage, dont la formation est financée par la région Lorraine, et contrat de professionnalisation au coût pédagogique pris en charge par l’Opca, le choix se porte majoritairement sur le premier. « Beaucoup de PME pensent d’abord apprentissage quand on leur parle d’alternance. Les employeurs apprécient aussi sa durée plus longue – deux ans en moyenne contre douze mois en contrat pro », indique Laurence Leclair. Pas de différence majeure en revanche au niveau des aides. Dans les deux cas, l’Agefiph verse pour l’essentiel à l’employeur une subvention forfaitaire de 1 700 euros par période de six mois, doublée pour l’embauche d’un salarié de plus de 45 ans.

Auteur

  • C. R.