Sous la direction de Michel Forsé et d’Olivier Galland, Armand Colin, 288 pages, 22,50 euros.

Depuis longtemps maintenant, la vague d’enthousiasme suscitée par la promesse d’une société plus riche et d’un travail plus intéressant est retombée. Une majorité de Français ont compris qu’ils ne participeront pas forcément à la prospérité, en tout cas pas nécessairement en s’épanouissant à la tâche. Ils ont également compris que les fruits de cette prospérité ont été captés par quelques-uns, devenus, eux, beaucoup plus riches.

Alors que la montée de l’individualisme et de l’égoïsme est dénoncée à l’envi, une enquête de l’Académie des sciences morales et politiques, menée en 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 1 700 personnes, montre que nos concitoyens ne cèdent pas au cynisme ni à la sinistrose après avoir été les dupes des théoriciens du profit.

L’équipe de sociologues qui décrypte cette enquête indique que les Français ont une claire conscience des inégalités, mais qu’ils ne les récusent pas en bloc. L’Hexagone, malgré un pessimisme certain provoqué par une forte sensibilité à l’injustice, indépendante de la condition sociale des interviewés, n’est pas au bord de l’explosion sociale. Il continue de croire à la méritocratie. Seul l’excès paraît condamnable aux Français, c’est-à-dire ce qu’aucune méritocratie ne peut justifier. Leurs attentes en termes d’équité ciblent principalement les plus démunis. Ils s’avèrent largement capables en l’espèce de ne pas raisonner en fonction de leurs seuls intérêts.

Une belle démonstration que des principes forts continuent à structurer la société française.