Stéphane Sirot, éditions Arbre bleu, 358 pages, 20 euros.

Depuis que le néolibéralisme a réussi à imposer ses valeurs et ses méthodes dans les entreprises françaises, tout semble changer dans le monde syndical : les salariés désertent quand les conditions de travail se durcissent, les plus exposés sont les moins syndiqués et, au lieu du puissant mouvement ouvrier qu’a été le syndicalisme pendant un siècle, l’adhésion à un syndicat semble aujourd’hui concerner bien plus les agents de la fonction publique que les salariés de l’industrie, les cadres que la population ouvrière. Plus de 15 % de syndiqués dans le public contre 5 % environ dans le privé ; 14,5 % de syndiqués chez les cadres contre 5,5 % pour les employés et 6,1 % chez les ouvriers.

Stéphane Sirot, en retraçant l’histoire du mouvement syndical depuis ses origines, tente, loin des points de vue partisans, de mieux comprendre le sens de cette évolution et le déclin de la grève, notamment dans le secteur privé. Si le contexte général, la peur pour l’emploi et la montée de l’individualisme jouent contre le syndicalisme, l’auteur cherche cependant à nous alerter sur le risque que représente l’affaiblissement du contre-pouvoir syndical.

Il met surtout en lumière la manière dont les transformations sociales et la perte d’audience ont conduit peu à peu les syndicats à quitter leur caractère corporatiste pour au moins habiller d’une prétention d’universalisme leurs revendications. Une analyse qui a le mérite de clarifier le débat.

Stéphane Sirot est historien, professeur à l’université de Cergy-Pontoise et à l’IAE de Nantes.