logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Seat réembauche, la Catalogne forme les candidats

Les pratiques | publié le : 05.04.2011 | VALÉRIE DEMON, À MADRID

Une formation financée par la région pour 1 200 personnes, puis 700 embauches, dont une majorité en CDI à l’usine de Martorell : après la mise en œuvre massive du chômage partiel depuis 2009, le partenariat entre Seat et le gouvernement catalan signe une sortie de crise.

Dans un pays très touché par la crise et où le chômage dépasse les 20 % de la population active, l’annonce de Seat a forcément produit son effet : l’entreprise automobile vient de passer un accord avec le ministère de l’Economie et de l’Emploi du gouvernement catalan pour former 1 200 personnes au chômage et pour embaucher ensuite 700 d’entre elles. Une véritable aubaine en ces temps de destruction d’emplois.

Entre les ventes qui progressent et le début de la fabrication du nouveau modèle Audi Q3, Seat, qui emploie 13 000 personnes, a besoin de main-d’œuvre. L’usine a fabriqué 335 000 véhicules en 2010 et prévoit pour l’Audi Q3 une production annuelle de 100 000 unités. Grâce au programme “Forma i Contracta” (formation et embauche) du service de l’emploi catalan, 1 200 chômeurs, disposant principalement du niveau d’études secondaires ou d’études supérieures professionnelles, pourront participer à une formation théorique et pratique de deux mois et à un nombre total de 176 heures dédiées à la production de l’Audi Q3.

90 % de CDI

« Ce service d’embauche catalan gère les listes des chômeurs, possède un réseau étendu pour étudier tous les profils intéressés pour travailler à Seat, explique Xavier Ros, DRH du groupe. Pour nous, c’était donc la meilleure manière de gérer ce processus. » Le coût de la formation est entièrement pris en charge par la région. En échange, l’entreprise doit s’engager à offrir un contrat de six mois minimum à au moins 60 % des stagiaires ayant réussi la formation.

« 90 % des contrats seront en fait à durée indéterminée, tandis que les 10 % restant seront des stages destinés à des jeunes diplômés sans expérience et sans emploi. Ils occuperont des postes à haut niveau de formation, et une fois leur période de stage terminée, leur contrat se transformera en CDI », précise Xavier Ros.

David Matellan, secrétaire général de la section syndicale Intercentres Commissions Ouvrières de Seat, ne cache pas sa satisfaction et reconnaît « l’effort important que réalise Seat, l’une des rares entreprises où près de la majorité du personnel est embauché en CDI ».

Reste, bien sûr, les 500 candidats qui ne travailleront pas chez le constructeur à la fin du processus. « Dans le futur, l’entreprise pourrait avoir besoin de ces travailleurs, estime le DRH, même s’il est encore tôt pour en être sûr. Nous leur offrirons de toute façon une excellente formation et ils seront donc mieux préparés pour trouver un emploi », poursuit-il.

Recours au chômage partiel

Seat semble donc sorti de la crise et retrouve des perspectives intéressantes de croissance. « Et nous avons réussi tout cela sans licenciements ! Le groupe Volkswagen, à qui appartient Seat, possède une sensibilité sociale particulière », lance David Matellan. Depuis octobre 2009, l’entreprise a en fait utilisé le système du chômage partiel pour faire face à la crise. « Sur les 13 000 employés, près de 7 000 ont dû à un moment ou à un autre, à tour de rôle, chômer deux ou trois mois », explique le syndicaliste.

Seat pouvait renvoyer chez eux jusqu’à 700 salariés par mois maximum. « Mais depuis quelque temps, il ne s’agissait que de 120 à 130 personnes par mois amenées à cesser le travail temporairement », précise David Matellan. L’Inem (l’équivalent de Pôle emploi) leur payait 70 % du salaire et l’entreprise versait un complément jusqu’à hauteur de 20 % environ. « Ce système a très bien fonctionné et nous avons pu éviter des licenciements », conclut David Matellan.

Auteur

  • VALÉRIE DEMON, À MADRID