L’établissement Renault Trucks de Lyon, qui abrite le siège du constructeur de véhicules industriels, s’étend sur un vaste espace de 180 hectares répartis sur les communes de Vénissieux et Saint-Priest. Avec 5 300 salariés, il est le premier employeur privé du Rhône. « La direction a pris conscience du besoin de développer les mobilités alternatives à la voiture individuelle », indique Benoît Lerude, urbaniste embauché en CDD pour lancer un plan de déplacements d’entreprise (PDE). Objectifs : permettre à l’entreprise de « rester attractive » et d’« améliorer le quotidien des salariés », conformément à la politique “bien-être” conduite depuis 2005 (Entreprise & Carrières n° 913, juin 2008).

« Ce sont de bien grands mots, tempère Jean-Paul Carret, représentant CGT au CE. Il existait autrefois un grand nombre de lignes de car gratuites, qui étaient un argument pour embaucher des gens de tous les départements. Mais elles ont été progressivement supprimées ou regroupées, obligeant les salariés à prendre leur voiture. » Aujourd’hui, c’est la hausse du coût du carburant qui a incité la direction à lancer ce PDE.

En mai et juin 2010, Benoît Lerude a conduit une enquête auprès des salariés, qui a mobilisé 64 % de répondants, « un taux exceptionnel pour une consultation de ce genre », se félicite l’urbaniste. Les résultats ont permis d’établir une carte détaillée des zones d’habitation, révélant que les salariés résident dans 600 communes de 9 départements ; 60 % sont dans l’agglomération lyonnaise.

L’enquête visait aussi à mettre en lumière des leviers d’amélioration possibles pour les trajets domicile-travail. Si 72 % des salariés utilisent leur voiture, 48 % veulent changer de mode de transport : le covoiturage, notamment, en tente 15 %, alors qu’actuellement, 3 % y ont recours. Le vélo apparaît comme une autre « solution possible ».

En décembre 2010, la direction a renforcé les navettes internes, utiles pour les besoins liés à des réunions ou des formations, ainsi que pour l’accès à un pôle multimodal (métro, tramway, bus, TER). Deux lignes à trajets fixes partent ainsi de la gare de Vénissieux le matin et le soir. Le reste du temps ou pour tout autre déplacement, un troisième véhicule est accessible à la demande, par téléphone. De 280 passagers par jour en novembre, ces navettes sont passées à 410 début janvier. Pour l’une des lignes, un véhicule de 33 places (au lieu de 15) est même testé depuis mi-mars.

Les résultats de l’enquête serviront également à Renault Trucks de base de dialogue avec les pouvoirs publics. L’entreprise a ainsi négocié avec le Grand Lyon l’ouverture, depuis le 16 mars, d’un site réservé sur le portail covoiturage de la collectivité*. Elle souhaite par ailleurs étudier avec les communes l’amélioration du réseau de pistes cyclables. Actuellement, l’investissement lié au plan de déplacement (ressources humaines, enquête, réorganisation des navettes, communication) s’élève à environ 70 000 euros.