Vous avez dit guerre des talents ? Sans doute faut-il plutôt parler de guerre des clones. Car, d’après une étude menée par Oasys auprès de 88 cabinets de recrutement et de chasse de têtes, et publiée le 31 mars à l’occasion de la sortie du Guide des professionnels du recrutement*, la crise n’a guère changé le comportement des recruteurs en la matière.

Interrogés fin 2010, un tiers des cabinets – qui recrutent majoritairement des cadres supérieurs et dirigeants – révèlent que plus de la moitié de leurs missions consiste à rechercher des clones, c’est-à-dire des candidats présentant les mêmes caractéristiques que le dernier occupant du poste à pourvoir. Cette tendance n’a guère évolué depuis la précédente enquête menée en 2006, même si, du fait de la crise, 63 % des cabinets ont eu beaucoup plus de mal à débaucher des candidats déjà en poste.

Du coup, les consultants ont tout de même présenté des outsiders dans une mission sur deux, mais « ceux-ci ne sont retenus par les clients qu’une fois sur quatre ». Les entreprises sont inflexibles lorsqu’il s’agit de leur proposer un candidat qui n’aurait pas l’expérience métier exigée (voir graphique). Les cadres en reconversion ont donc peu de chances d’être retenus, de même que les seniors : 82 % des sondés affirment que l’âge peut être un critère discriminant pour leurs clients. Au cours de leurs dix dernières missions, 22 % des cabinets n’ont présenté aucun candidat de plus de 50 ans, et 45 % n’en ont placé aucun.

Seul effet notable de la crise : être au chômage n’est plus rédhibitoire… si cela dure moins de six mois. Car le préjugé sur un candidat au chômage depuis plus d’un an reste défavorable dans 85 % des cas.