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Les pratiques

SFD a fait certifier sa gestion du risque routier

Les pratiques | publié le : 29.03.2011 | LAURENT POILLOT

Le plan de prévention de l’entreprise qui vise près de 200 commerciaux itinérants, a fait chuter les accidents de 30 % en moins de quatre ans.

Ahmed n’en mène pas large. Moteur à l’arrêt, le jeune commercial commente son freinage au formateur de l’Automobile Club Prévention (ACP) qui est venu le rejoindre. En conditions réelles de circulation, il aurait embouti la voiture qui roulait devant lui. Le récit filmé de son stage est régulièrement repris par la communication de son entreprise, SFD. Distributeur exclusif de l’opérateur SFR, SFD a été la première entreprise à se certifier en SMSR (système de management de la sécurité routière), un référentiel créé en 2006 par l’association Promotion et suivi de la sécurité routière en entreprise.

Risque majeur d’accident mortel

C’est à cette époque que le DRH fraîchement installé, Emmanuel Rétif, s’est emparé du dossier. Il avait à piloter, outre un effectif de 3 000 personnes, un parc de 150 véhicules, dont l’essentiel sert aux commerciaux itinérants qui parcourent 30 000 km par an. « J’ai confié un audit complet à l’ACP, peu après l’accident d’un commercial, dont la voiture était sortie en tonneau dans un fossé, se souvient Emmanuel Rétif. Il s’en était sorti indemne et avait photographié l’épave. Je l’ai fait témoigner à un séminaire de force de vente. Depuis, je demande systématiquement les photos après un accident. Elles alimentent nos flashs sécurité sur l’intranet. »

Le plan de prévention a été lancé en 2008. ACP avait alerté le DRH sur un « risque majeur d’accident mortel », reliant la croissance du parc à la fréquence des accidents. « Notre fréquence de 0,37 correspondait à un accident tous les deux ans et demi, contre 0,20, qui est la référence des assureurs pour ce métier, soit un accident tous les cinq ans », explique Emmanuel Rétif.

SFD a bâti son discours sur le mode de l’empathie : la vie d’un collègue est précieuse. Depuis 2009, l’entreprise a envoyé 200 commerciaux en stage (une journée) chez son prestataire. Outre l’accompagnement au plan de prévention (pour un montant de 10 000 euros), le coût de formation est de 300 euros HT par stagiaire, frais de repas inclus. Les salariés multi-accidentés, comme Ahmed, ont droit à un stage renforcé (500 euros).

Nouveau règlement intérieur

Par ailleurs, la direction a fourni une littérature complète aux managers et les a équipés d’éthylotests et d’instruments de mesure de l’état des pneus. Ils contrôlent aléatoirement 25 % de leur parc (environ 10 automobiles) une fois par trimestre. Autre évolution : le nouveau règlement intérieur stipule qu’un commercial ayant « fêté » la signature d’un contrat mesure son alcoolémie. Interdiction de reprendre le volant si elle est positive : il repart en taxi.

Contrôles annuels d’un certificateur

En s’obligeant aux contrôles annuels d’un certificateur, en l’occurrence le Centre national de prévention et de protection, SFD veut imprimer les pratiques dans la durée. L’entreprise assure avoir réduit la fréquence des accidents de 30 % en moins de quatre ans, tandis que son parc a crû de 30 %. Et le DRH attend encore 80 recrues, qu’il faudra doter d’un véhicule. Mais son assureur le suit : il lui a concédé une ristourne de 20 % sur le montant de sa prime, sans toucher aux garanties.

Auteur

  • LAURENT POILLOT