La fermeture du site nordiste, regroupé à Clermont-Ferrand, a conduit le leader des pneumatiques à déployer un processus fondé sur l’information et la personnalisation à l’intention des candidats à la mobilité géographique.
Un peu moins d’un salarié sur trois a choisi de poursuivre sa route chez Michelin. Huit mois après la fermeture de Sodemeca, la filiale de Noyelles-lès-Seclin (Nord) du Bibendum, le bilan des reclassements internes est considéré comme satisfaisant. « Au total, 76 salariés sur 276 ont opté pour une mobilité au sein des 14 usines du groupe, indique Frantz Bléhaut, directeur France de Michelin. Plus précisément, 50 d’entre eux ont suivi le regroupement de l’activité sur le site des Gravanches, près de Clermont-Ferrand, dédié à la fabrication de pneus de très haut de gamme. Les autres se sont répartis sur l’ensemble du territoire, et même à l’étranger dans le cadre d’une expatriation. »
Hormis une poignée de reconversions, la plupart des salariés du site nordiste (à 80 % opérateurs de production) ont conservé leur métier. « La direction a d’emblée fait passer le message qu’elle avait besoin d’eux et que leurs compétences étaient précieuses. Elle s’était engagée à leur adresser deux propositions de poste en France », explique Frantz Bléhaut. Dès l’annonce de la fermeture du site en juin 2009, un point d’informations animé par des conseillers extérieurs était mis sur pied, pour aider à élaborer les projets professionnels.
« L’une des clés de réussite d’une restructuration est de donner du temps au personnel, celui de la réflexion personnelle, de la discussion en famille et de la prise de décision », précise le responsable de l’équipementier. Ainsi, chacun des intéressés a disposé au maximum de huit mois pour arrêter son choix. Rapidement, l’ensemble des salariés se sont vu distribuer un guide décrivant les 14 usines de l’équipementier. Puis, ils ont pu poser directement leurs questions au directeur du personnel des différents points de chute possibles, tous en visite pour l’occasion à Noyelles-lès-Seclin. Un voyage de reconnaissance sur le site visé était ensuite proposé sur quatre jours, avec rencontres des responsables opérationnels et visite de la région. Les plus décidés pouvaient ensuite refaire le trajet, cette fois accompagnés de leur famille. Une centaine de déplacements ont ainsi été organisés.
« S’ensuivait un accompagnement personnalisé, dans une logique de facilitation », souligne le directeur. Une recherche de logement, d’école, de crèche, voire d’établissement pour un parent dépendant était enclenchée, alors même que le conjoint du salarié bénéficiait d’une aide à la recherche d’emploi durant douze mois, si besoin. « A ce titre, un partenariat avec Pôle emploi a été signé dans les différentes régions d’accueil », précise ce dernier, ajoutant que Michelin s’était engagé à examiner la candidature de celui ou celle qui voulait rejoindre l’entreprise : 4 l’ont fait, 3 ont été embauchés à Clermont-Ferrand.
A leur arrivée sur leur nouveau lieu de travail, les Sodemeca bénéficiaient de l’accueil d’un référent volontaire, chargé de faciliter leur intégration dans l’usine et à l’extérieur. Le tout assorti d’un coup de pouce financier : un jeune célibataire pouvait percevoir jusqu’à 35 000 euros, une famille 45 000 euros.
Malgré ce dispositif, la greffe n’a pas toujours pris, selon Dominique Leclair, délégué syndical CGT de l’usine des Gravanches : « Quatre sont déjà repartis dans le Nord après avoir négocié leur licenciement et d’autres y réfléchissent. Certes, Michelin a mis les moyens, il n’empêche que leur venue à Clermont-Ferrand n’a pas été un vrai choix. »
• Activité : production de pneumatiques.
• Effectif : 109 000 salariés.
• Chiffre d’affaires : 3,9 milliards d’euros en 2010.
