C’était un plat de résistance long à élaborer. Après s’être d’abord équipé en outils électroniques d’administration de la formation et de gestion des compétences, RTE (Réseau de transport d’électricité) s’est doté de son propre système de paye et d’administration du personnel. Depuis dix mois, l’entreprise chargée de l’exploitation et de la maintenance du réseau électrique français édite ainsi les bulletins de paye de ses 8 500 salariés via sa nouvelle plateforme.

Devenue indépendante en septembre 2005, à la suite de l’ouverture à la concurrence des marchés énergétiques, la filiale d’EDF bénéficiait jusqu’à l’année dernière d’un service centralisé à travers le SIRH commun à EDF et GDF. « Nous sommes aujourd’hui en phase de stabilisation. Les anomalies de paye restantes, en cours de résolution, ne portent plus pour l’essentiel que sur des cas limites et ne touchent qu’une poignée de salariés », explique Régis Boigegrain, pilote du projet. L’adjoint au DRH prévoit toutefois que l’accompagnement du changement devrait durer jusqu’à mai prochain pour ses gestionnaires RH. Pour l’opérateur électrique, le défi a consisté à construire un SIRH, « sans compétences internes particulières dans ce domaine à l’origine », souligne le responsable. Il considère son projet informatique comme une occasion de « se penser comme une entreprise à part entière et de sortir de la conception administrative et très verrouillée de l’outil précédent, conçu pour la gestion commune du contrat de travail des 150 000 salariés ».

Autres enjeux : faire évoluer les pratiques RH notamment grâce à la dématérialisation et à l’accès facilité aux portails en libre service pour les employés et les managers. De fait, la mise en place de l’outil de paye et d’administration du personnel a donné lieu à un chantier hors norme. Pendant sept mois, le choix de l’éditeur a mobilisé trois éditeurs candidats à l’appel d’offres afin d’élaborer les caractéristiques techniques de l’outil.

Les deux binômes d’éditeurs et d’intégrateurs retenus en finale ont à leur tour travaillé cinq mois sur les spécifications fonctionnelles détaillées. Cette démarche a permis, selon Régis Boigegrain, de « comparer plusieurs visions et modes de construction d’un SIRH » et, au terme de près d’un an de mise en place, d’avancer de sept mois le calendrier du lancement de l’outil.

Le prototype choisi, celui de l’éditeur espagnol Meta4, a été plébiscité par les gestionnaires associés au projet. Mais surtout : « La souplesse des règles de calcul d’éléments de rémunération proposées par l’éditeur et le pilotage du niveau des développements spécifiques qui aurait pu être très élevés compte tenu de nos particularités réglementaires, nous ont évité des dépenses de plusieurs centaines de milliers d’euros », se réjouit Régis Boigegrain.

Le budget total du projet s’élève à près de 7 millions d’euros. Un coût maîtrisé selon l’adjoint au DRH : « à peu près équivalent à celui de la prestation antérieure d’EDF, elle-même très compétitive compte tenu de la forte mutualisation des services offerts. » RTE poursuit aujourd’hui le développement de ses outils informatiques RH. En cours de réalisation, un module de compte épargne temps et, vers la fin de ce premier semestre, une application décisionnelle qui devrait fournir des tableaux de bord et des indicateurs à la DRH. De quoi renforcer encore l’indépendance de la société.