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Les pratiques

CanadaLe dimanche, jour de travail comme les autres à la banque Toronto Dominion

Les pratiques | publié le : 22.03.2011 | LUDOVIC HIRTZMANN, À MONTRÉAL

Depuis la mi-février, la banque Toronto Dominion (TD) Canada Trust ouvre ses portes sept jours sur sept. Sans compensations de salaire ni récupération, mais sur une base volontaire… pour l’instant.

« Désormais, c’est ouvert le dimanche », indique un large panneau à l’entrée des banques TD Canada Trust. Le 12 février dernier, à l’instar de 300 agences sur les 1 100 que compte la seconde banque canadienne, la succursale de la rue Jean-Talon à Montréal a ouvert ses portes dès dimanche midi. Pour cette première, les banquiers ont fait les choses en grand, accueillant leurs clients avec du café et des beignets sucrés. Seuls 5 postes de conseillers sont occupés aujourd’hui, contre 10 d’habitude (et 25 salariés pour l’ensemble de l’agence).

« Nous ajusterons les effectifs en fonction de la clientèle, confie Yvan Gingras, le directeur de la succursale. Beaucoup de nos employés sont des étudiants. Grâce à l’ouverture le dimanche, c’est une belle opportunité pour eux de faire plus d’heures. » Pour le vice-président de district de la TD, Errol Castelino, il s’agit d’une « situation gagnante pour tout le monde ». De fait, l’équipe du jour est âgée en moyenne d’une vingtaine d’années.

Hausse des transactions à valeur ajoutée

Une grande partie des opérations à faibles marges étant réalisées désormais par les clients sur Internet, la banque s’est aperçue que la valeur ajoutée des transactions effectuées en agences – demandes de prêts ou achats de fonds mutualisés par exemple – s’est accrue.

« Cette logique d’ouverture le dimanche ressemble à ce qui s’est passé avec les supermarchés. Pourtant, un prêt ou un placement peuvent attendre le lundi, dit Serge Cadieux, l’un des directeurs de la FTQ, la Fédération des travailleurs du Québec, le syndicat qui représente notamment les employés du secteur bancaire. L’argument de faire travailler des étudiants ne tient pas la route : pour vendre des placements à haut niveau, il faudra faire appel à des salariés d’expérience. Cela ne va pas dans le sens de la conciliation travail-famille. »

Pourtant, la question d’une compensation financière ou de récupérations horaires pour les salariés du dimanche semble presque incongrue à Errol Castelino et à Yvan Gingras. « Il n’y a aucune compensation ; cela ne les aidera pas non plus à gravir plus vite les échelons, explique le vice-président. En revanche, comme le dimanche il y a moins de monde et que l’ambiance est plus décontractée, cela nous permet d’effectuer des activités de formation et de faire des choses que l’on ne fait pas en semaine. »

Selon le directeur de l’agence, personne n’est obligé de travailler le dimanche, tout se fait dans l’harmonie et la concertation. « C’est vrai pour les vendeurs de produits bancaires, intéressés sur les résultats, car c’est là que se font les opérations les plus rentables, explique ce cadre de la TD. Par contre, pour les caissiers qui gagnent 11 dollars de l’heure et donc à peine plus de 40 dollars (29 euros) pour quatre heures de travail un dimanche après-midi, c’est loin d’être un choix consenti. Il y a tout de même une rotation des employés le dimanche, même si cela reste très informel et non écrit. »

Horaires élargis envisagés

Si pour débuter les agences ouvertes le dimanche ne le sont qu’entre 12 heures et 16 heures, l’un des grands patrons de la Toronto Dominion a déjà laissé entendre que ces horaires pourraient être élargis. Pour faire face aux besoins, la TD pourrait bien obliger des salariés à travailler le jour du repos dominical, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Serge Cadieux conclut, pessimiste : « Le secteur bancaire est très réfractaire aux syndicats. Nous n’y représentons que moins de 10 % des effectifs (contre 40 % pour l’ensemble des travailleurs québécois). »

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN, À MONTRÉAL