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Un plan de prévention au long cours

Enquête | publié le : 22.03.2011 | VIOLETTE QUEUNIET

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Un plan de prévention au long cours

Crédit photo VIOLETTE QUEUNIET

Depuis quatre ans, la mairie de Nantes mène une vaste action de prévention des conduites d’addiction à l’alcool et aux drogues. Les principes clés : sortir du déni, ne pas stigmatiser et accompagner les agents en difficulté.

En lançant en 2007 un plan de prévention des conduites d’addiction à l’alcool et aux drogues, la mairie de Nantes ne partait pas de zéro. Des démarches de sensibilisation avaient déjà été menées. Mais, cette fois, il s’agissait d’aller plus loin. « Nous souhaitions agir davantage sur le préventif que sur le curatif, avec une démarche complète, touchant l’ensemble des agents et impliquant l’encadrement », indique Gaëlle Weiersmuller, successeur, au poste de directrice du pôle environnement de l’emploi, du docteur Colette Burdan, qui a construit ce plan.

Depuis sa mise en place, chaque agent doit suivre une sensibilisation de deux heures sur le risque alcool/drogue et chaque cadre est tenu de se former à la gestion des situations d’addiction. Des mesures gravées dans le marbre puisque l’obligation de formation, à renouveler tous les trois ans, est l’un des articles de l’arrêté du maire sur le plan de prévention, du 20 mars 2007. L’arrêté détaille aussi les procédures à mettre en œuvre en cas de constat « d’état d’ébriété » (le terme valant aussi bien pour l’alcool que pour la drogue) chez les agents occupant un poste à risque. L’encadrant peut ainsi proposer un test de dépistage par Alcootest, « dans les situations occasionnant un danger ».

Les tests salivaires pour dépister la consommation de drogue sont également prévus dans l’arrêté, mais ne sont pas encore déployés. Les agents qui le souhaitent peuvent être soutenus par un réseau d’aide interne (association d’agents volontaires Sensas, service social, médecins du travail), dans le respect de l’anonymat.

Guide de l’encadrant

Le plan met particulièrement à contribution les cadres de proximité : leur formation, centrée sur la connaissance des produits et surtout sur l’accompagnement des agents en difficulté avec l’alcool et les drogues, dure trois jours. Un guide de l’encadrant très complet leur donne les moyens de faire face à ces situations.

Parmi les outils à leur disposition : la fiche constat, que le cadre remplit avec l’agent concerné. « On ne lui demande pas de détecter une addiction, mais de décrire, à l’aide d’une grille d’observation, une situation problématique sur le plan professionnel : arrêts de travail réguliers, retards fréquents, petites fautes professionnelles répétées, absentéisme, etc. », explique Gaëlle Weiersmuller. Charge ensuite au médecin du travail, à qui la fiche est transmise, de prescrire des examens complémentaires et, le cas échéant, d’orienter l’agent vers les structures de soins.

Le cadre peut aussi proposer à l’agent un contrat d’accompagnement managérial qui prévoit une adaptation du travail pour l’agent qui s’engage à se désintoxiquer.

Quatre ans après le lancement du plan, l’information est largement passée : fin 2010, 3 759 agents sur 4 700 ont été sensibilisés au sujet et 392 encadrants sur 592 ont été formés. La démarche a été bien perçue par les personnels et la plupart des syndicats. « Elle nous convient, car on n’est pas dans l’accusation, mais dans la recherche de solution à des problèmes qui sont souvent lourds à gérer par les équipes », estime Jean-Michel Juguet, élu CFDT au comité hygiène et sécurité. Autre aspect apprécié : aucune catégorie d’agent n’est stigmatisée, car la liste des postes à risques annexée à l’arrêté du maire couvre 90 % des fonctions, dont celles d’encadrement.

Evaluation en cours

Le plan de prévention est aujourd’hui en phase d’évaluation avec des consultants internes de la DRH. Des points restent à améliorer : remontée trop faible – une dizaine seulement – de fiches constat, absence de contrat d’accompagnement managérial.

Les formations pourraient être enrichies, notamment sur la drogue. « Le niveau de connaissance et d’appropriation de ce problème est encore émergent. L’addiction au cannabis, par exemple, ne se repère pas aussi facilement que celle à l’alcool, observe le docteur Martine de Queiroz, médecin du travail à la mairie de Nantes. Mais je crains que cet usage ne prenne de l’ampleur, au regard des conduites addictives qu’on observe chez les jeunes. »

A ce jour, le plan de prévention a coûté 203 000 euros, dont 100 000 pris en charge par le Fonds national de prévention de la CNRACL (régime de retraite des agents de la fonction publique territoriale), dans le cadre d’une démarche locale de progrès.

MAIRIE DE NANTES

• Activité : services municipaux.

• Effectifs : 4 700 agents permanents.

• Budget : 451,5 millions d’euros (2010).

Auteur

  • VIOLETTE QUEUNIET