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Enquête

Prévention à la demande

Enquête | publié le : 22.03.2011 | C. D. C.

Mobilisée sur la question des risques liés à la consommation de substances psychoactives depuis 2006, la RATP propose une approche intégrée reposant sur trois piliers : sanitaire, réglementaire et sécuritaire. Mais sans l’imposer.

Ayant pour objectif d’assurer la sécurité des voyageurs et des salariés, la politique de prévention relative à la consommation de substances psychoactives de la RATP s’est vraiment structurée à partir de la fin 2006. « Il existait des mesures contre l’alcoolisme, explique Fabien Rosso, responsable adjoint de l’unité prévention et santé au travail de la régie parisienne, mais nous avons souhaité formaliser un dispositif de prévention global pour nos 13 établissements. »

Le volet prévention de la démarche propose une formation de quatre heures sur la consommation de stupéfiants, ainsi qu’une journée d’information et de sensibilisation, aux établissements ou unités qui en font la demande. Destinée à l’origine aux seuls encadrants, la formation est désormais ouverte à tous les agents. Sur les deux dernières années, 2 000 salariés en auraient bénéficié.

Equipes pluridisciplinaires

Ces actions de prévention sont élaborées et animées de façon pluridisciplinaire par un médecin du travail, une assistante sociale, un membre des services juridiques ou de la DRH, et le responsable de l’unité formation de la brigade des stupéfiants de Paris. Plaquettes et campagnes d’affichage sont par ailleurs mis à disposition.

Pour les syndicats, cette politique de prévention reste timide : « Très peu d’agents voient la couleur des formations, estime Bertrand Dumont, DSC adjoint à Sud et agent en maintenance ferroviaire. Dans mon atelier, rien n’a été fait depuis la formation des encadrants il y a un an et demi. » « Il n’y a rien de structuré sur le terrain », renchérit Didier Ecolasse, secrétaire de l’union syndicale CGT.

Sur le plan réglementaire, la RATP a souhaité harmoniser les règlements intérieurs de ses établissements, afin de répondre aux exigences de la loi. Destiné à certains métiers impliquant la sécurité, un article commun à tous les règlements intérieurs rappelle ainsi les règles du Code du travail, stipule qu’un agent doit être retiré de son poste lorsqu’il n’est pas en état de travailler et détaille les règles de dépistage et de sanction.

« Rien n’est systématique en terme de dépistage ou de sanctions, souligne Fabien Rosso. Le texte rappelle qu’en cas de dépistage positif ou de comportement anormal, le n + 1 doit avant tout recevoir le salarié pour discuter avec lui. »

Instauré pour l’alcoolémie au rythme de 4 à 5 fois par an, le dépistage inopiné n’est pas encore opérationnel pour les drogues illicites. « Nous nous sommes rapprochés du fabricant du seul test salivaire homologué par le ministère de l’Intérieur, précise Fabien Rosso. Mais il y a un temps incompressible nécessaire à la réaction chimique d’environ vingt minutes, ce qui rend compliquée son utilisation, eu égard à nos métiers et nos engagements de régularité. »

Seuls les salariés travaillant sur la ligne B du RER, et donc en interopérabilité avec des agents de la SNCF, sont concernés par un dépistage annuel obligatoire, relevant des règles en vigueur dans l’entreprise ferroviaire (lire p. 30). Quant à la sanction, elle va de l’avertissement à la révocation, mais aucun barême précis n’a été établi.

Divers outils de prise en charge

S’agissant des soins, le salarié en difficulté ou dépisté positif est orienté vers les médecins du travail, qui décident ou non d’une prise en charge médicale dans les structures de soin de l’entreprise. Parmi les outils de la prise en charge : l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources (IAPR), accessible via un Numéro vert.

Difficile cependant de connaître la réalité de la consommation des salariés. « Les formations n’ont aucune visée statistique », indique le responsable prévention. Entre 1993 et 2005, 600 salariés auraient été accueillis pour des problèmes d’addiction aux drogues illicites par La Bouée, une association interne d’aide aux salariés toxicomanes, désormais dissoute. « Jusqu’en 1999, on avait surtout affaire à des consommateurs d’héroïne par intraveineuse, avant que le cannabis ne devienne dominant », explique Gilbert Lasne, ancien responsable de l’association. De leur côté, les syndicats souhaiteraient une approche plus large des problèmes d’addiction, englobant la prise de médicaments et les jeux en ligne.

RATP

• Activité : conception et exploitation de transports publics.

• Effectif : 56 000 salariésdans le monde.

• Chiffre d’affaires : 4,75 milliards d’euros en 2010.

Auteur

  • C. D. C.