E & C : Quels sont les principaux enseignements de l’enquête* de l’INRS sur les PME et les risques professionnels ?

P. L. : Cette enquête confirme la faible préoccupation des petites entreprises pour les questions de santé et de sécurité au travail et la faiblesse des mesures de prévention. Ainsi, 38 % des entreprises de 10 à 50 salariés soit ne voient pas l’intérêt du document unique d’évaluation (11 %), soit ont réalisé ce document par simple obligation réglementaire (27 %), estimant que leur activité ne présente aucun risque. Seules 46 % déclarent avoir un document unique à jour ayant donné lieu à des actions de prévention. La situation est encore plus préoccupante dans les entreprises de moins de 10 salariés. Si les chefs de petites entreprises ont bien conscience que les risques psychosociaux (19 %) ou les risques chimiques (14 %) sont importants de manière générale pour les salariés en France, ils estiment que leur entreprise est plutôt exposée au risque routier (50 %) ou lié à l’activité physique (43 %). C’est-à-dire qu’ils perçoivent bien les risques à effet immédiat et moins bien ceux à effet différé, pour lesquels le lien avec l’activité professionnelle est moins évident.

E & C : Quelles sont les solutions à envisager ?

P. L. : Les freins sont surtout liés au manque de compétences en matière de prévention des risques. Tout l’enjeu est de trouver des solutions pour accompagner ces quelque 1 700 000 entreprises, car les services de santé au travail, qui apparaissent comme le principal relais des PME, ne sont pas en capacité de le faire. Il faudrait proposer aux chefs d’entreprise une information et des outils méthodologiques leur permettant de procéder eux-mêmes à une évaluation des risques par métier, avec des bonnes pratiques et des mesures de prévention à mettre en place pour chaque métier. C’est ce que l’INRS a commencé à faire avec l’aide de partenaires.