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Du sur-mesure pour les concessionnaires

Enquête | publié le : 08.03.2011 | L. G.

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Du sur-mesure pour les concessionnaires

Crédit photo L. G.

Le e-learning doit prendre en compte la complexité de la personne qui apprend et devrait davantage alterner théorie et pratique, estime Michel de Koubé, directeur de la formation de Nissan Europe.

Michel de Koubé, directeur de la formation de Nissan Europe, ne tourne pas autour du pot : « Cela fait dix ans que j’ai recours au e-learning et que je le questionne : personne n’est capable de prouver qu’il est efficace et il n’y a pas vraiment de réflexion sur sa plus-value ». Mais il tient à préciser le contexte : « Ce constat tient à notre pratique du e-learning. Nous y avons recours pour 21 filiales, dans 35 pays, en 31 langues, et surtout pour le réseau des concessionnaires indépendants. Et, dans cette configuration, c’est assez compliqué. »

Des modules peu consommés

Environ 40 modules de e-learning sont proposés chaque année par la direction formation aux concessionnaires. Bilan : 75 % d’entre eux sont utilisés par 4 pays, et ces derniers cumulent 78 % du temps de e-learning enregistré.

« La consommation de ces modules n’est pas obligatoire, précise Michel de Koubé, mais ils ne suscitent pas un grand intérêt.? Pourtant, ce sont des modules très courts, d’environ 15 minutes, contenant peu de messages, utilisant une animation très scénarisée, et ne demandant pas forcément beaucoup d’interactivité de la part de l’apprenant. En fait, sans carotte ni bâton, les personnes n’y vont pas spontanément. C’est certes moins cher que le présentiel, mais ça ne fonctionne pas, car la personne est seule devant sa machine. »

Le directeur de la formation pointe d’autres obstacles à la diffusion du e-learning (mais aussi à celle de la formation classique en général): « Les concessions sont très orientées rentabilité. Leurs responsables acceptent mal qu’un moment de formation intervienne sur le lieu et sur le temps de travail. Au final, la population non touchée par la formation professionnelle continue classique ne l’est pas plus par le e-learning. Dans deux ou trois cas sur dix, une telle situation s’explique par un problème de connaissance ou de compétences. Mais, le plus souvent, cela dépend de la volonté ou de lapossibilité de faire. »

Scénariser le e-learning

Faut-il alors abandonner le e-learning ? Non, répond Michel de Koubé, mais il faut le construire différemment : « De gros sauts de connaissances sont possibles, mais par petits bouts. Le e-learning doit être très scénarisé et plus participatif, avec un “avant” et un ”après” d’interactions avec d’autres apprenants et pédagogues. Surtout, la personne ne doit pas être seule devant son ordinateur. Par ailleurs, le e-learning doit diffuser aussi bien de l’information que de la formation. En juste-à-temps, via de multiples supports – mobiles, smartphones, etc. – et construit sur des cas réels. La bonne formule pourrait être d’alterner 10 minutes de théorie et 10 minutes de pratique, car, le plus souvent, le cycle de concentration est de 20 minutes. »

Echanges entre pairs

Au final, Michel de Koubé prône « un e-learning plus court, mais plus fréquent, limité en termes d’interactivité et n’abusant pas du “happening”. Le problème est que ces options en rendent le processus de construction et de gestion plus complexe. Par ailleurs, je crois beaucoup aux échanges entre pairs au travers des communautés de pratiques, mais c’est difficile à mettre en place entre concessionnaires concurrents ».

NISSAN EUROPE

• Activité : constructeur automobile.

• Effectif : 12 000 collaborateurs.

• Chiffre d’affaires : n. c.

Auteur

  • L. G.