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La force de l’authenticité

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 08.03.2011 |

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La force de l’authenticité

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Vous voulez dire à un collègue que les relations tendues entre son service et le vôtre ne peuvent plus durer. Vous voudriez qu’à son niveau il n’en rajoute pas et ne passe pas son temps à monter les équipes les unes contre les autres… Mais, lorsque vous le rencontrez, votre courage s’évanouit. La discussion se déroule dans la banalité, et votre interlocuteur en profite même pour critiquer l’un de vos collaborateurs. Vous rentrez dans votre bureau particulièrement frustré. Où est parti votre désir d’authenticité ?

En réunion cette fois : le directeur général demande l’avis des personnes présentes sur un projet qui le séduit beaucoup, mais qui a de fortes conséquences financières et humaines. Il commence son tour de table pour recueillir les points de vue. En élèves bien dociles, les personnes qui vous précèdent disent toutes que le projet est super. C’est à votre tour… Vous savez que cette initiative serait une mauvaise idée pour l’entreprise et les équipes ; et vous souhaitez le dire. Le boss se tourne vers vous et attend votre réponse. A votre grande surprise, vous vous entendez dire : « Je n’ai pas grand-chose à ajouter, moi aussi je trouve que c’est très bien. » Faiblesse du moment, peur de se démarquer des autres, besoin de sécurité dans son job, angoisse de dire la vérité au patron qui a plutôt l’habitude qu’on lui obéisse…

Il faut beaucoup de courage pour dire calmementet honnêtement ce que l’on ressent. L’intégrité semble un luxe réservé à ceux qui n’ont rien à perdre. En face de cette prise de risques, tous nos freins se rassemblent : on craint les conséquences, on a peur d’être dissonant et de se faire repérer, on est tétanisé devant les conflits, bref, on préfère se réfugier dans la conformité que de créer un trouble dont on ne connaît pas les effets. Mais pense-t-on au prix que l’on paie à se comporter ainsi ?

Choisir par sécurité de ne pas dire la vérité, exprimer que l’on est d’accord alors qu’on ne l’est pas, s’écraser en faisant régulièrement des compromis avec soi-même, ces tendances rongent l’individu. Non seulement on n’est pas fier de soi, mais on s’épuise. Plus il y a d’écart entre ses valeurs profondes et ses comportements quotidiens, plus on perd d’énergie. Pour un bénéfice immédiat relatif, on se prive des incomparables bienfaits de l’authenticité : la paix de se sentir en accord avec soi-même, la force qui fait déplacer les montagnes, la conscience d’utiliser son intelligence et son intuition à bon escient, la satisfaction d’accueillir dans sa vie davantage de lucidité, de simplicité et de clarté.

Alors, tout dire tout le temps ? Non, car dire la vérité n’est pas synonyme de spontanéité. La pratique du « je le dis tel que je le sens » fait des dégâts : on se libère soi, c’est entendu, mais on en blesse beaucoup. Braquer ses interlocuteurs ne fait pas forcément avancer les choses. Mieux vaut dire la vérité avec nuances et respect : « Sur ce sujet, j’aurais un avis un peu différent du vôtre… » ou bien « Je vois bien les avantages de ce projet, mais je vois aussi quelques inconvénients qui me soucient ». Lorsque l’on veut devenir plus authentique, choisir le bon timing, vérifier que les interlocuteurs à qui l’on s’adresse sont les bons, et n’humilier personne sont également des principes importants. Personne n’y arrive en un jour, bien sûr : on oscille fréquemment entre la faiblesse et la force intérieures. Mais, progressivement, un chemin plus vrai s’ouvre devant soi.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris.<www.lesaget.com>