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Salaires : la rigueur en débat… et en conflits

L’actualité | publié le : 01.03.2011 | CAROLINE FORNIELES

Les augmentations de salaire accordées par les entreprises françaises en 2011 restent modestes. Et des conflits éclatent dans différentes entreprises.

« Augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire », selon Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, essentiellement préoccupé par le niveau de l’inflation dans la zone euro. Une phrase très commentée qui a obligé François Baroin, ministre du Budget, à rassurer dès le 21 février sur la volonté du gouvernement de permettre « à terme » des augmentations de salaire.

Ce débat pourrait aviver les tensions sociales : 2011 reste en France une année de forte modération pour les salaires. Quelques exceptions, comme EDF (+ 3,95 % de hausse) ou Rhodia (+ 3,1 %), ne sauraient cacher une tendance générale à la rigueur.

Moins de 2,5 % de hausse

Au sortir des négociations annuelles obligatoires (NAO), la moyenne des hausses devrait être inférieure à l’hypothèse de Cegos de + 2,5 %, alors que la prévision d’inflation serait au minimum de 1,5 %. Ainsi, la direction de PSA Peugeot Citroën propose 1,7 % aux syndicats, Endel GDF Suez se limite à 1,4 %, Dassault à 1,5 % (1 % supplémentaire n’étant prévu qu’en cas d’amélioration des résultats). Les accords de branche prévoient des hausses modérées étalées sur l’année : 1,9 % pour l’industrie pharmaceutique et 1,8 % pour la chimie.

Des augmentations jugées trop faibles et qui provoquent des conflits sur le thème du pouvoir d’achat. Pour les journées des 24 et 25 février, on répertoriait ainsi des actions dans les trois sites du groupe Thales, une grève dans l’usine de batterie Saft et chez Assystem, un sous-traitant d’Airbus, où l’on n’avait jamais débrayé auparavant.

Certains mouvements ont conduit à une réévaluation des propositions. C’est le cas pour les 1 800 salariés du fabricant de pelleteuses Liebherr France, qui ont décroché le 25 février une augmentation générale de 2 % après trois jours de grève.

De même, des mouvements chez le fabricant de grues Manitowoc ou à la fonderie Messier se sont soldés par des accords.

En revanche, à Saint-Gobain Emballage ou Barry Callebaut, aucun supplément n’a été accordé par la direction. Des tensions émergent déjà à la SNCF, où la CGT Cheminots a rassemblé 50 000 signatures visant à dénoncer la politique salariale. La hausse proposée serait de 0,5 % en 2011.

Salaires et inflation : l’Allemagne est-elle exemplaire ?

→ L’exemple allemand de modération salariale revient régulièrement dans le discours des poli­tiques et de certains économistes, dont Jean-Claude Trichet. Pourtant, après plusieurs années de rigueur, plusieurs accords emblématiques augmentent fortement les salaires : + 3,6 % d’augmentation dans la sidérurgie, + 3,2 % chez Volkswagen. Siemens et Bosch ont anticipé de deux mois les hausses promises. Par ailleurs, un coup de pouce a été donné aux minima sociaux et le salaire minimum étendu à de nouveaux secteurs. Cette tendance à la hausse est-elle pour autant générale ? Trop tôt pour le dire. Mais, pour certains experts, l’Allemagne est le seul pays de la zone euro où il ne serait pas « une bêtise d’augmenter les salaires »: avec un faible déficit et une économie saine, elle pourrait supporter un peu d’inflation. Un phénomène qui pourrait aider notre économie en redynamisant les exportations et en réduisant les écarts en matière de coût du travail… et permettre peut-être « à terme » des augmentations de salaire en France.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES