Cinq salariés de l’usine Areva de La Hague (50) se sont donné la mort en douze mois, dont deux en février. FO, syndicat majoritaire sur le site, relate également le cas d’un salarié dans le coma après une tentative de suicide. Si aucun acte n’a eu lieu dans l’entreprise, « nul ne peut en ignorer les raisons professionnelles », selon un communiqué rendu public par le syndicat le 23 février. Pour la direction, « ces cas de suicides sont liés à des raisons personnelles, même si ces actes intimes s’expliquent par de multiples facteurs ». Areva fait valoir que, « dès le premier suicide, en janvier 2010, une cellule d’écoute particulière a été mise en place pour accompagner les collègues et proches ». Cinq médecins, douze infirmières, un psychologue et deux ergothérapeutes sont présents sur le site depuis plusieurs années. La direction affirme également travailler depuis longtemps sur la qualité de vie au travail et demander aux managers d’aller au contact des salariés pour dialoguer. Elle met aussi en avant un taux d’absentéisme (3,5 %) « très bas », tout comme le turn-over (2 démissions par an sur 3 200 salariés). Elle n’a pas non plus noté d’accroissement des arrêts maladie ni de cas de dépression.

Philippe Launay, secrétaire du syndicat FO Areva de La Hague, dénonce, lui, « une pression sur les salariés pour ne pas déclarer les accidents du travail ». Le responsable FO fait état également d’une « souffrance au travail accrue » et d’une médecine du travail de plus en plus sollicitée. En cause, selon le syndicat, « les réorganisations successives, la diminution des effectifs, une politique fondée sur des indicateurs financiers et des décisions de management de moins en moins bien comprises ». Un projet de sous-traitance du secteur énergie de l’établissement serait notamment mal vécu.

Une étude sur le stress est toujours en cours auprès des cabinets Stimulus et César, selon Philippe Launay. Et l’an dernier, à la suite d’un suicide, le CHSCT avait demandé une expertise extérieure : le cabinet Technologia avait été retenu. La direction avait contesté cette démarche et obtenu gain de cause devant le TGI de Cherbourg. FO fait appel de cette décision et la cour d’appel de Caen tranchera le 19 avril.