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Enquête

La moitié des salaires “féminins” ont été réajustés

Enquête | publié le : 01.03.2011 | M. K.

Total a confié à un prestataire extérieur, l’Apec, le diagnostic des écarts de rémunération. Suite à la correction des inégalités, la moitié des femmes ont été augmentées de 3,7 %.

En octobre 2010, les UES Amont-Holding et Aval-Holding du groupe Total, réunissant 15 500 salariés sur les 35 000 que compte le groupe en France, ont réévalué de 3,7 % en moyenne le salaire de 2 300 femmes, soit la moitié des personnels féminins, mettant fin à des écarts injustifiés de rémunération avec leurs ­collègues masculins. La direction s’y était engagée dans un accord signé en mai 2010, après deux ans de réflexion sur le sujet. « La première étape a été de trouver le bon outil pour mesurer les écarts de salaire, observe Odile de Damas-Nottin, responsable des rémunérations. Nous avons décidé avec les syndicats de faire réaliser un diagnostic de la situation par un expert extérieur. »

Méthode statistique complexe

C’est finalement l’Apec, organisme paritaire jugé légitime et compétent, qui a été choisi par la direction. « Les syndicats n’ont pas été associés au choix du consultant ni au cahier des charges de la prestation », regrette toutefois Bernard Butori, coordinateur syndical Sictame-Unsa. En 2009, la DRH a fourni à l’Apec l’intégralité de ses données salariales pour les 15 500 salariés, hommes et femmes réunis. « En prenant en compte 24 critères pouvant expliquer des différences de rémunération – âge, ancienneté, niveau d’étude, position hiérarchique, niveau de responsabilités, sexe, etc. – l’Apec a modélisé les salaires et isolé le critère “genre”. Le modèle obtenu a permis de comparer des situations comparables et de révéler les écarts inexpliqués », explique Odile de Damas-Nottin. Une méthode statistique complexe, qui pourrait encore être affinée : « La part variable de la rémunération de certains cadres n’est pas incluse dans le calcul, or cela aurait été pertinent dans ces tranches élevées de salaires où il y a peu de femmes », note Bernard Butori.

Ecarts individuels importants

En avril 2010, l’Apec a analysé la situation des 4 500 salariées et procédé à des entretiens. Résultat ? La moitié des femmes avaient un salaire inférieur à leurs homologues masculins de manière inexpliquée. « Les écarts étaient assez faibles, de 2,3 % en moyenne, mais des écarts individuels pouvaient aller jusqu’à 9 %, et nous nous sommes engagés à égaliser la situation des 2 300 femmes concernées », ajoute la responsable des rémunérations.

Pour ce faire, les partenaires sociaux ont décidé de consacrer au réajustement des salaires un budget spécifique de 4,2 millions d’euros, distinct des mesures salariales individuelles. Il y a eu une vaste campagne de communication auprès des salariés et des gestionnaires de carrières. Toutes les femmes ont reçu un courrier leur expliquant que leur salaire allait être ou non réévalué, et les réajustements furent effectués en octobre 2010. « Il y a eu quelques recours individuels, autorisés par l’accord, note Gilbert Eschylle, délégué syndical central CFDT, ces situations vont être réexaminées, notamment dans les métiers administratifs qui nécessiteraient une analyse plus fine. »

Directives précises pour les managers

L’enquête doit être renouvelée en mars 2011, puis au 4e trimestre 2011, après la campagne d’augmentations individuelles, afin que le comité de suivi de l’accord puisse apprécier l’efficacité des corrections apportées. C’est à ce moment-là qu’il sera possible de faire un bilan chiffré. Par la suite, le comité central d’entreprise pourra à tout moment faire procéder à une nouvelle mesure des écarts salariaux. Enfin, les managers ont reçu des directives précises pour veiller à ne pas reproduire ces inégalités au moment des augmentations individuelles. Et cela sera vérifié par les équipes de rémunération centrales.

TOTAL

• Activité : industrie du pétrole et du gaz naturel

• Effectifs : groupe : 93 000 salariés ; France : 35 000 salariés.

• Chiffre d’affaires groupe en 2009 : 131,32 milliards d’euros.

Auteur

  • M. K.