Référenceur, analyste d’audience, animateur de communauté… les métiers émergents d’Internet concernent d’abord les jeunes diplômés. Et les tempes grises ne sont pas légion dans les entreprises 100 % web. Chez Pixmania, la moyenne d’âge des 1 400 salariés ne dépasse pas 30 ans, et les plus de 45 ans sont seulement une vingtaine.

Face à cet état de fait, le e-commerçant ne se résigne pas. Il n’a pas fait le choix de la facilité quand il s’est conformé à l’obligation de conclure un plan seniors début 2010. Contrairement à la majorité des entreprises, qui ont retenu les domaines d’actions les moins contraignants parmi ceux prévus par les décrets (lire Entreprise & Carrières n° 1035), Pixmania s’est fixé l’objectif « d’employer des seniors dans la même proportion que le nombre de CV reçus » et « de recruter en deux ans au moins 16 personnes de plus de 50 ans sur un total de 400 nouveaux arrivants ».

« C’est un important défi », commente Ingrid Tisserand, directrice des ressources humaines du groupe, qui décompte encore peu de candidatures de personnes de plus de 45 ans. « Notre image de société jeune freine peut-être les professionnels expérimentés, attirés vers des structures plus importantes », analyse-t-elle.

A ce jour, seules quatre personnes ont été recrutées. Pourtant, « il y a de la place pour les seniors dans l’entreprise, notamment dans la logistique et la facturation », estime Mohamed Semli, représentant CFTC à l’entrepôt Pixmania de Brétigny-sur-Orge (Essonne). Ce que confirme la directrice des RH : « Les profils expérimentés se trouvent beaucoup plus facilement dans les fonctions support que dans les métiers émergents tels que chargé d’e-mailing ou responsable du trafic ».

Confiante sur la probabilité ­d’atteindre le cap fixé, la DRH compte sur deux nouveaux outils dont s’est dotée l’entreprise : un logiciel de recrutement, qui permet de suivre en temps réel les embauches, et une grille de traitement des candidatures, qui précise les critères de sélection.

Outre les embauches, Pixmania a prévu d’organiser le maintien dans l’emploi de ses seniors. Une communication annuelle informe sur les dispositifs de professionnalisation destinés aux seniors : bonification de 5 % du DIF, accès prioritaire aux formations, aux bilans de compétences, au congé de VAE. L’entretien de seconde partie de carrière se mettra en place prochainement pour les plus de 45 ans. L’occasion de faire un point sur leurs besoins de formation et leur perspective d’évolution. Mohamed Semli approuve, mais voudra « s’assurer que tous ces engagements seront bien suivis d’effets ».

L’employeur table enfin sur des sessions de sensibilisation pour tous ses salariés. Car arrivera bien un jour où les jeunes geeks deviendront à leur tour… des seniors.