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Les pratiques

Les salariés de l’Hôtel Lutetia, acteurs de la prévention

Les pratiques | publié le : 22.02.2011 | VIOLETTE QUEUNIET

L’hôtel Lutetia à Paris a engagé une démarche de prévention des TMS avec la Cram Ile-de-France. L’originalité : des salariés sont devenus animateurs de prévention, assurant la pérennité de la démarche. Les premiers résultats sont encourageants.

Pousser et tirer de lourds chariots de linge, se pencher pour faire un lit, ­mobiliser épaules et poignets pour nettoyer miroirs et carrelage : autant de gestes qui, répétés pendant des années, peuvent occasionner des troubles musculo-squelettiques (TMS) chez les lingers et femmes de cham­bre des hôtels.

Formation de volontaires

Lorsqu’elle a pris ses fonctions de DRH à l’Hôtel Lutetia, à Paris, Maud Benhamou en a fait le constat lors des réunions de CHSCT : « Plusieurs de nos colla­borateurs avaient le statut de travailleur handicapé à cause de TMS. Il était urgent d’intervenir en amont, d’améliorer les conditions de travail pour éviter d’en arriver là. » La DRH se tourne alors vers la caisse régio­nale d’assurance maladie d’Ile-de-France (Cramif), qui a mis au point une ­méthode originale : former des collaborateurs volontaires qui deviendront des animateurs de prévention. « L’objectif est de doter les entreprises de compétences en interne, de façon à les rendre autonomes pour diagnostiquer et analyser les situations à risque et rechercher les solutions les plus pertinentes », explique Christophe Ballue, contrôleur de sécurité à la Cramif.

Au programme : deux jours de formation méthodologique suivis d’un temps d’application avec observation et analyse des situations de travail, puis un jour consacré à la restitution sous forme d’un rapport. Les six collaborateurs volontaires, issus des services étage et banquet et épaulés par l’assistante de la DRH, ont joué le jeu. Leur rapport, présenté au troisième trimestre 2010 au CHSCT, propose de nombreuses solutions, classées ensuite par la DRH en fonction de leur délai de mise en œuvre.

Les premiers changements sont intervenus fin 2010, tels l’achat d’un chariot motorisé et silencieux (4 000 euros) pour le transport du linge, de balais dépoussiérants à bras télescopiques et de dessertes mieux adaptées pour les équipiers banquets. Un lève-lit va bientôt être testé.

Adhésion des salariés

Très impliqués, manifestement gratifiés par ce nouveau rôle, les animateurs de prévention ont entraîné l’adhésion de leurs collègues. Dès 2010, la DRH a constaté une diminution de 7 % du nombre de journées perdues par rapport à 2009. Les arrêts maladie, en particulier, sont en baisse. « L’intérêt de cette démarche est son caractère durable : le regard sur le travail et son organisation ont changé. Aujourd’hui, par exemple, la dimension prévention est totalement intégrée dans la politique des achats », observe Maud Benhamou.

Dialogue social amélioré

La DRH évoque aussi l’amélioration du dialogue social. La démarche sera poursuivie et étendue en 2011 à d’autres services – bagagerie et plonge. Les animateurs prévention bénéficient d’un dégagement de temps (6 jours et demi en 2010, hors formation) et de moyens (salle, matériel informatique, caméras pour filmer les situations de travail…). Hôtel centenaire, le Lutetia fera l’objet d’une profonde rénovation fin 2012. D’ores et déjà, il est prévu d’y associer les animateurs de prévention, qui présenteront leurs recommandations à l’architecte. Cette démarche a été récompensée par un Trophée Cramif au titre de la prévention des TMS.

Auteur

  • VIOLETTE QUEUNIET