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Les pratiques

AllemagneMerkel choisit des quotas flexibles pour les femmes

Les pratiques | publié le : 22.02.2011 | MARION LEO

Tandis que la question de la parité dans les conseil d’administration fait rage en Allemagne, le gouvernement a décidé d’imposer des quotas flexibles de femmes. Un débat national est prévu en mars entre DRH et ministres.

Le sujet est brûlant et divise l’Allemagne. La ligne de faille traverse les familles, les entreprises et les partis politiques. L’Etat doit-il intervenir pour remédier à la faible présence féminine dans les directions des entreprises ? Faut-il introduire des quotas “fixes”, à l’exemple de la France, ou des quotas “flexibles” définis par les entreprises ? La polémique a été déclenchée le 31 janvier par Ursula von der Leyen, ministre de l’Emploi (CDU), plaidant dans une interview pour l’instauration d’un quota légal de 30 % de femmes dans les directions et les conseils de surveillance des entreprises cotées en bourse. Principal argument : le gouvernement avait misé jusqu’à présent sur la bonne volonté des entreprises, qui s’étaient engagées il y a dix ans à augmenter la part de femmes aux postes à responsabilité. Or rien n’a changé depuis lors ou presque. Seuls 3,2 % des membres des directoires des grandes entreprises sont des femmes. Dans les conseils de surveillance, la part s’élève à 10 %.

Accepter ou modifier les règles ?

Aujourd’hui, le débat fait rage : l’ascension des femmes est-elle bloquée par des dirigeants masculins, soucieux de rester entre eux, ou par les femmes elles-mêmes, qui ne sont pas prêtes à accepter les sacrifices imposés, en termes de temps, par une carrière de cadre supérieur ? Au lieu de demander aux femmes d’accepter les règles du monde du travail en vigueur pour faire carrière, ne faut-il pas, au contraire, les modifier et promouvoir, par exemple, le temps partiel pour les cadres ?

Au choix des entreprises

Le 3 février, la chancelière Angela Merkel a provisoirement mis un terme à la polémique en s’exprimant contre l’introduction d’un quota fixe. Le lendemain, Kristina Schröder, ministre de la Famille, présentait son système de quotas flexibles qui fera l’objet d’un projet de loi à l’été prochain. D’ici à juin 2013, les entreprises cotées devraient se fixer elles-mêmes un quota de femmes à atteindre dans leurs instances dirigeantes et le délai imparti pour y arriver. Rendus publics, ces objectifs devraient être respectés, sous peine de sanctions, notamment financières. Ce modèle sera débattu à l’occasion d’un sommet qui réunira en mars prochain les DRH des entreprises du DAX 30 et les ministres concernés.

Entre-temps, plusieurs grandes entreprises ont pris les devants. A l’exemple de Deutsche Telekom, qui avait annoncé en mars 2010 la mise en place, d’ici à 2015, d’un quota de 30 % de femmes à tous les niveaux de son encadrement en Allemagne et à l’étranger (lire Entreprise & Carrières n° 997), plusieurs grands noms de l’industrie ont chiffré leurs objectifs. Le groupe Bosch a l’intention de porter à 15 % d’ici à fin 2012 le nombre de ses femmes cadres. Daimler s’est fixé un quota de 20 % à atteindre d’ici à 2020. BMW veut atteindre 15 % à 17 % sur la même période. Airbus vise un taux de 30 % d’ici à 2015.

Un changement perceptible

Le groupe énergétique E.ON s’est fixé un quota de 22 %, mais sans préciser de délai. Depuis mars 2010, et pour la première fois de son histoire, E.ON compte une femme parmi les membre du directoire : Regine Stachelhaus, en charge des ressources humaines. Son intention est claire : doubler le nombre de femmes cadres, mais également promouvoir la diversité dans un sens plus large au sein de l’encadrement.

Selon la Fédération patronale de l’industrie BDI, un changement est perceptible au sein des grandes entreprises, de plus en plus sensibilisées à cette question. Mais selon le patronat, les politiques doivent également « faire leurs devoirs » et œuvrer à une amélioration des modes de garde des enfants. Début 2010, seuls 17 % des enfants âgés de 1 à 3 ans disposaient d’une place en crèche en Allemagne de “l’Ouest”, contre 50 % en ex-RDA.

Auteur

  • MARION LEO