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Les pratiques

Sciences Po a certifié quatorze syndicalistes d’Axa

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 15.02.2011 | MARTINE ROSSARD

La première promotion de représentants syndicauxs de l’assureur a terminé son parcours de certification de connaissances économiques et sociales à Sciences Po. Certains envisagent maintenant de revenir à l’opérationnel.

Axa France avait signé en 2009 une charte portant notamment sur la validation des acquis de l’expérience syndicale. L’assureur a depuis confié à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) la mise en œuvre d’un parcours qualifiant pour 15 mandatés. Dans le cadre du DIF, quatorze ont obtenu leur certificat de connaissances économiques et sociales, à l’issue d’une formation de douze jours et de la présentation d’un mémoire à l’automne dernier. En décembre 2010, “l’engagement” des candidats dans cette formation plutôt dense a été salué au cours d’une cérémonie de remise des diplômes.

Interlocuteurs de bon niveau

Sont concernés par ce cursus tous les syndicalistes ayant assumé d’importantes responsabilités de représentant du personnel pendant six ans au moins. « Nous souhaitons avoir face à nous des interlocuteurs de bon niveau, ce qui contribue à la qualité des négociations, déclare Corinne Guillemin, directrice du développement social d’Axa. En outre, ce parcours nous permet de passer un message rassurant aux salariés sur l’acquisition possible de compétences lorsqu’ils s’engagent syndicalement. » Un double avantage pour une formation dont les coûts pédagogiques s’élèvent entre 45 000 et 50 000 euros sur douze jours pour toute une promotion.

Des souhaits de retour à l’opérationnel

« Le programme était très intéressant avec des cours participatifs et non académiques », se félicite Pascal Laroussinie, coordinateur national adjoint CGT, après avoir brillamment soutenu un mémoire sur “La CGT et le pragmatisme”. Ce quinquagénaire aimerait bien embrayer sur une formation PAO et retourner dans les services. Gilles Bernard, délégué central CFE-CGC, quinqua lui aussi, apprécie d’avoir approfondi les questions économiques et de stratégies des entreprises. Il souhaiterait revenir à l’opérationnel, à mi-temps. Selon Sciences Po, deux autres lauréats envisagent désormais des formations diplômantes, l’un sur la parité, l’autre sur la sociologie des organisations. « Mais, regrette le délégué CFE-CGC, je n’ai pas eu l’entretien de carrière pourtant annoncé par la direction, ni la moindre augmentation ou prime. » La direction précise que tous les lauréats bénéficient d’un passage dans la classification supérieure, sauf la septième. Or Gilles Bernard était déjà dans la sixième classe. Quant à Pascal Laroussinie, au sommet de la précédente classification, il dit n’avoir obtenu qu’une augmentation de 19 euros par mois.

Reconnaître les acquis

Jean-Dominique Simonpoli, directeur de l’association Dialogues, concepteur de ce parcours qualifiant, note que la validation ne doit pas servir à des augmentations automatiques mais à revaloriser les entretiens individuels de déroulement de carrière. « La démarche doit aider les syndicalistes à développer leurs compétences pour mieux jouer leur rôle, mais aussi à faire reconnaître leurs acquis et à sortir plus facilement de leur mandat », explique-t-il.

Corinne Guillemin cite ainsi le cas d’un candidat que sa certification encourage à affronter un retour à l’opérationnel. « Il a acquis de nouvelles compétences relationnelles et en leadership », précise-t-elle.

Cette VAE syndicale est également un début de réponse à la question du renouvellement des cadres syndicaux. Joël Mottier, DS central CFE-CGC, ne cache pas qu’il utilise ce parcours comme argument pour inciter les jeunes à s’investir. « J’encourage deux de nos militants à faire partie de la prochaine promotion à Sciences Po », confie-t-il. Une nouvelle promotion de 12 à 15 personnes est effectivement prévue en mars, ouverte cette fois à toutes les filiales du groupe Axa.

Amélioration du parcours

Ayant « essuyé les plâtres », Axa envisage de faire évoluer légèrement le parcours en le prolongeant de deux jours et en modifiant le calendrier. Le module sur la prise de parole serait avancé, tandis que ceux sur la rédaction et l’organisation du temps seraient décalés.

LE PARCOURS SCIENCES PO, UNE RÉPONSE À UNE OBLIGATION

• La VAE syndicale vise notamment à répondre aux prescriptions de la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale. L’article L. 2141-5 du Code du travail évoque en effet les accords sur les mesures à mettre en œuvre pour concilier la vie professionnelle et la carrière syndicale et prendre en compte l’expérience acquise dans le cadre de l’exercice des mandats. Rares sont les entreprises à avoir une telle démarche.

• Un parcours qualifiant similaire à celui d’Axa est envisagé prochainement à Sciences Po pour d’autres syndicalistes. LCL, La Banque postale, Veolia Propreté, Veolia Environnement, Peugeot et Valeo seraient sur les rangs. Après la mairie de Suresnes, celle de Vincennes et des conseils régionaux s’y intéressent également.

Auteur

  • MARTINE ROSSARD